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Confidences d’un soir 21 juillet, 2008

Posté par hiram3330 dans : Billevesees & coquecigrues , ajouter un commentaire

Confidences d’un soir

 

Tu seras un homme mon fils, la meilleure et la pire des choses qu’il puisse t’arriver, crois-moi.

Tu vas t’en rendre compte le jour où, au lieu de regarder avec envie tous ces jeux mécaniques, tu suivras avec intérêt le doux balancement des hanches d’une femme. Pour te remettre de cette vision tu vas saisir une bouteille de cognac que tu videras d’un trait.

Fais attention fils, c’est cela l’âge adulte.

Plus tard, après des saouleries monstres et des délires de danses, cette apparition paradisiaque tourmentera ton sommeil agité.

C’est la pente fatale, crois-en mon expérience.

La femme est une créature trouble mélangeant avec subtilité une âme de diable dans un corps de déesse.

Mon fils, j’ai été jeune moi aussi …

Doucement tu approcheras, murmurant des mots d’amour, et elle, elle fera de toi sa marionnette sans volonté propre.

Et toi, l’Homme supérieur et protecteur, tu seras alors le jouet que l’on prend et que l’on jette ; le cœur brisé en une multitude de parcelles douloureuses.

Ce sera ton baptême, ta première douleur d’homme, la première mais sûrement pas la dernière.

Alors, bien vite, pour essayer de te protéger tu deviendras froid comme la glace, aussi dur que l’acier le mieux trempé. Mais un autre regard, une autre silhouette et la glace fondra, et l’acier coulera comme la cire.

Tu seras à nouveau l’enfant, comme nous tous, que tu n’as jamais cessé d’être.

L’engrenage est toujours là.

Tu proposeras le mariage, naïf que tu es ; elle sera flattée certes mais ça ne l’empêchera pas de se jouer de toi, de rire, ironique, et de tromper.

Pourtant l’Unique, la plus belle, la plus intelligente … la plus garce aussi, c’était elle, tu en étais sûr.

Prends garde mon fils que le coup de foudre ne te soit fatal car, bien qu’homme, et parce qu’homme, tu souffriras cruellement ; sans un mot et sans un pleur.

C’est cela le plus terrible lorsqu’on est homme …

Enfin, après tant de déceptions tu prendras femme, douce et paisible, tendre et passionnée, ta moitié quoi ! Et tout au long de votre vie, elle sera là, présente à tes côtés, t’aimant et te soutenant comme tu l’aimes et la soutiens, dans un bonheur pudique et sans prix.

A ton tour tu seras père et, comme moi aujourd’hui, quand ton fils aura quinze ans, tu lui expliqueras tes espoirs et tes peines dans le secret d’une nuit d’été.

 

Mais comme toi ce soir, il écoutera d’une oreille distraite en se disant tout bas : Dieu, quel sermon, et dire que c’est mon père …

Chris  

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Solfège

Posté par hiram3330 dans : Billevesees & coquecigrues , ajouter un commentaire

Solfège

 

Face à l’orient, immobile, les bras écartés tenant des baguettes, l’Homme fixe l’aurore qui s’empourpre et naît avec l’ascension du disque solaire. Soudain il se met à frapper les tambours, qui le cernent, en un rythme calqué sur les battements sourds de son cœur qui pulse en cadence.

Peu à peu il accélère, va vite, de plus en plus vite, encore plus vite, toujours plus vite pour atteindre le paroxysme dû à l’emballement cardiaque qui l’entraîne vers la syncope de ses gestes.

Do !

Face à l’occident, dressée telle une Vénus antique, les mains crispées sur une clarinette, la femme contemple le crépuscule rougeoyant d’où jaillit le disque lunaire.

Tout à coup, de son souffle haletant elle crée une joyeuse mélodie antédiluvienne qui va se perdre dans les nébuleuses de la voie lactée.

Peu à peu elle accélère, va fort, de plus en plus fort, encore plus fort, toujours plus fort pour arriver au « bang » originel du début.

Ré !

Au zénith, curieusement, se rejoignent et s’accouplent le sang et l’air dans l’harmonie de l’Univers qui est depuis qu’au commencement était le Verbe.

Mi !

Dans le vide de l’espace, au sein des galaxies comme au plus profond des océans croît le concert de la Création lorsque se rencontrent les sons et les êtres qui vibrent à l’unisson sous l’oeil omnipotent.

La symphonie se forme et se transforme, s’enfle et se répand dans tous les angles du cercle de l’Infini temporel.

Les notes valsent, se cognent, s’associent, se soudent en un interminable collier de perles d’or d’où s’évade une tendre musique cristalline.

Fa !

Plus bas, quand la brume se dissipe sous les assauts de l’opéra humain, on distingue un étrange ballet où Lui et Elle dansent, dansent, dansent en un duo éternel, en un duo charnel, en un duo d’amour.

Sol !

L’orchestre de la nature, guilleret, s’en maille et s’emmêle dans une drôle de cacophonie aussi touffue qu’agréable, aussi colorée qu’odorante.

Un feu d’artifice de vibrations se jette à la conquête de l’espace et du temps tandis qu’un couple se fond et se confond en quête d’un Eden égaré.

La !

De toute part des torrents de vie se ruent, et cascadent, et scintillent, et chantent l’hymne sans âge, l’hymne primordial, l’hymne sacré de l’hymen.

De nulle part et d’ailleurs ruisselle, éblouissant, un bonheur sans limite qui noie l’Infini et étouffe l’obscurité dans l’embrasement des sens, la communion des esprits et l’union des âmes.

Si !

Et la boucle se referme sur la partition que surveille une clé, amusée, pendant que, loin des regards profanes, la lune et le soleil s’en vont ensemble ensemencer d’étoiles la Voûte bleutée qui abrite nos rêves.

Do !

Chris 

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L’une est brune, l’autre moins.

Posté par hiram3330 dans : Silhouettes , ajouter un commentaire

L’une est brune, l’autre moins.

 

Face à face, les yeux dans les yeux, à peine séparée par deux bureaux jonchés de dossiers et de papiers de bonbon vides, l’une est brune, l’autre moins.

Un sourd grelottement déclenche soudain le jaillissement de mains, aux ongles teintés, qui s’escriment à happer le téléphone se trémoussant d’impatience, tout guilleret d’être ainsi caressé et l’objet de tant de convoitises voluptueuses.

Une paire de soupirs s’échappent au son d’une voix ensoleillée emplie de « s’il vous plait – merci » ; non ce n’était ni l’heure du tgv, ni celle de la visite médicale … plus tard peut être ?

Frustrés deux nez replongent à l’unisson vers le jaune du quotidien tandis que s’envolent des pensées … des pensées de chocolat dur et de fromage mou.

L’une rêve, l’autre aussi.

Un clin d’oeil, une boutade et le rire, fou, s’enfle, éclate et ruisselle sans retenue aucune jusqu’à éclabousser les vieilles armoires étonnées de tant de gaieté inusité en ce lieu de réflexions et de recueillement.

Une seconde cascade d’hilarité explose, comme ça, pour rien, et va même troubler le cannibale d’en bas, la momie d’à côté, jusqu’au zin-zin mécanique dont l’oeil, tel celui de caïn, rouge, rythme le temps à travers les morsures des badges.

L’une s’étouffe, l’autre s’étrangle.

Un doux babillement s’écarte pour laisser place au caquètement, puis au jacassement qui remplit, sans pudeur et sans crainte, ce petit cagibi centre vital de l’expansion démographique internationale.

Devant la fenêtre, grâce au soleil complice, se dessine ce duo vêtu de tissu diaphane ne laissant aucun doute sur le trouble sensuel qui ne manque pas de s’insinuer, tel un parfum poivré, dans l’ensemble de la Direction.

Pas d’erreur ce sont bien elles : les succubes !

L’une n’est pas grande, l’autre non plus.

C’est alors que se déclenche la fureur de l’avalanche, le poids des mots, le choc des images en un tourbillon démentiel et dithyrambique que d’aucun subodorent n’être dûs qu’à quelques vapeurs éthyliques ; mais non.

L’une est sobre, l’autre ……. aussi.

Et tout se calme, et tout s’apaise par un ollé murmuré sur une pierre de la saint Jean.

Un bruissement léger, comme le bruit de bas de soie qui se frottent, ou d’un jupon qui se répand au sol, fait frémir l’atmosphère et électrise l’ambiance. Serait-ce … non … non ce n’est qu’une sous chemise, bleue, qui se froisse et se tord, de plaisir, entre les doigts carminés.

Songeuse l’une sourit, l’autre aussi.

Ding-dong fait la tête d’une collègue au regard bovidéen, d’où son surnom, apparaissant par l’étrange lucarne qui rappelle une guillotine, pour signaler que c’est l’heure déjà, enfin.

Une double illumination éclaire deux visages et éblouit deux regards qui se croisent en un éclair.

Et c’est la cavalcade, la charge héroïque de la cavalerie légère ; l’air surchauffé est zébré de reflets rouge du bout des doigts qui rangent, sans douceur, les décombres et les débris d’une journée d’épuisant labeur.

Heureuse et charmante l’une rayonne, l’autre aussi.

Un ouragan de robes panachées, un crépitement de talons s’éloignent ne laissant plus trainer que quelques effluves éparses d’un parfum désormais orphelin, dans cette pièce sans âme et morne qu’un néon, blafard, n’arrive pas à raviver.

Au bout de cette folle course, entre la tisane et la douche, un sport ludique se glisse où, deux flammes blanches, deux feux follets se précipitent de droite à gauche, et inversement, afin de frapper, sans faiblesse, une pauvre balle toute contente d’y échapper si souvent.

L’une s’essoufle et rougit, l’autre rougit et s’essoufle.

Enfin, déjà, le firmament s’obscurcit pour laisser place à un dais noir, piqueté de milliards d’escarboucles argentées, jouant avec le disque lunaire dont la frêle clarté recouvre, avec délicatesse et tendresse, les deux silhouettes qui s’en vont encore précieusement enrobées de pensées qui vagabondent au travers du temps et de l’espace.

L’une, béate, s’endort ; l’autre, s’endort, béate.

Chris

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