L’Aigle 23 juillet, 2009
Posté par hiram3330 dans : Billevesees & coquecigrues , trackbackL’Aigle
Non il ne s’agit pas de la commune de l’Orne, ou de la Confédération Helvétique – canton de Vaud, encore que .. tout rassemblement humain est source de découverte. Il ne s’agit pas non plus d’une publicité cachée pour une marque, onéreuse, sportive .. enfin pour sportifs ayant les moyens, pas que physiques.
L’Aigle est d’abord, à mes yeux, une constellation connu, reconnu comme telle depuis le II° siècle de notre ère commune. Altaïr en est l’étoile la plus brillante depuis notre boule bleu lorsque le temps et la saison nous permettent de mieux scruter la voûte étoilée. Champs de rêves est cette vision, parmi d’autres, quand la curiosité nous pousse à deviner des formes, à ouïr des murmures venant de cet espace insondable.
Mais surtout un Oiseau, un Roi du ciel, un Empereur de l’air, un prédateur silencieux … dans un vol majestueux il se laisse porter par l’azur pendant que son oeil, perçant, balaie le sol et les nuées. Cruel ? Non ! Un animal n’est jamais cruel .. il n’est pas « homme ».
Dans le sifflement des ses ailes déployé, porté par les courants, il navigue là haut entre zénith et nadir, traversant les nuages, observant impassible tous mouvements, il .. veille .. semble-t-il. Une sentinelle presque, tutoyant le soleil, son ombre plane sur le sol qu’il domine de l’ampleur de son envergure mystérieuse.
Lorsque la faim le taquine, lorsque sa progéniture l’assaille de cris, il va …. là haut, quérir une proie, une de celles qui, imprudentes ou malades, va mourir pour qu’il vive … ainsi est la vie naturelle, pas de cruauté, il n’est pas « homme ».
Fascinant ce rapace magnifique dans son monde aérien, dans son monde minéral où se niche sa demeure, très vite il a été sacralisé par l’humain comme le Roi des cieux, il a même été baptisé quelque fois Aigle Royal … Il règne de son regard, de son bec, de ses serres, de ses ailes … il règne en Maître, mais il n’est pas cruel … il n’est pas « homme ».
Symbole.
Symbole très vite il le fût pour l’humain, par sa majestueuse assurance, par la justesse de ses piqués mortels, par l’immensité de ses vols, par la Beauté .. oui la Beauté, car il est beau, terriblement beau et il a la force, la force des battements de ses ailes, de sa vue, mais aussi il est sage, oui sage … il règne en sagesse sur son territoire, ne prélevant que l’indispensable.
Symbole.
Symbole très vite de force, de beauté et de sagesse .. il n’est pas « homme ». Les hommes l’envient, les hommes le jalousent, les hommes le craignent aussi parfois.
Symbole.
En héraldique il figure sur des blasons, des écus, des étendards .. il est couronné, il est bicéphale, il est d’or et d’argent … il a entre ses serres une épée, il domine là aussi, il toiserait presque l’homme qui croit le porter, il est Royal, il est Impérial, il est Libre. Combien d’Ordres de chevalerie ont usé de son nom et de sa silhouette ? J’aime à y songer quand je regarde, en veillant, celui qui est noir et blanc et qui devient blanc tel un albinos …
Dans son vol il se laisse porter, il se laisse aller en contemplant son domaine aux limites invisibles … « fait ce que doit, advienne ce que pourra » murmure-t-il à mon oreille …
Magnifique il est dans le bleu qu’il survole, pour venir dans le noir puis le blanc … armé d’une épée il veille à rétablir l’ordre dans le désordre, « ordo ab chaos », il est impavide dans sa solitude maîtrisée et parfois il en arrive à me dire « Dieu est mon droit », curieux comme expression non ? J’en reste interloqué.
Seigneur de l’empyrée il impressionne par son allure, par sa puissance, pas son regard .. par sa beauté lorsqu’il regagne son piton granitique, si haut, qu’il en chatouille les étoiles qui pointent à l’horizon. Son nid, son « nid d’aigle » est devenu une expression courante … c’est un signe.
D’aucuns songent, en le voyant, à Icare …. les inconscients ! Comment voir en cet Aigle olympien, un pauvre fou d’homme qui a cru pouvoir, avec subterfuges, aller côtoyer Sol, l’astre Dieu, pensant que l’ascension pouvait être rapide, sans danger. Que la sortie d’un labyrinthe était par le haut ….. alors qu’un labyrinthe se parcoure de l’extérieur au centre de soi, pour ensuite aller vers les autres et partager ses connaissances … avec humilité, sincérité. Le fol s’est écrasé, la cire des illusions a fondu, le chemin n’était pas le bon donc.
Aigle tu règnes solitaire dans l’infini du firmament que tu surveilles avec une attention soutenue, dans le silence d’un souffle de vent, d’un battement d’ailes nonchalant, presque avec indifférence, mais avec vigilance. Veilleur pourrais-je presque dire, sentinelle d’un espace où le haut rejoint le bas, où l’occident s’égare dans l’orient, où le sud se fond dans le nord, où les points cardinaux n’existent plus, où les limites se dissolvent ….
J’en arrive même à songer à ce roman : « le désert des tartares » là où l’action est inaction, où le mouvement est immobilité, là où le son est silence … Oui ces images naissent et re-naissent en ma mémoire, mais je sais, par intuition qu’elles sont erronées en l’occurrence. Dans l’immensité que tu traverse, aigle, existent les vies qui s’animent de l’air et de l’eau, de la terre et du feu ; un monde existe ici, réel, palpitant au rythme qui est tien dans ton domaine sans bornes.
Ainsi tu es devenu un symbole vivant, de plus en plus symbole, de moins en moins vivant du fait de l’homme …
Symbole d’Empire, symbole de Royauté, symbole de Majesté.
En vérité sous ces apparences rutilantes d’or et d’argent se dissimulent, au regard profane, les richesses sans bornes, d’une quête immémoriale, celle du juste et du bon, celle de l’amélioration et de la progression de cette parcelle qui anime la vie, toutes vies.
Lorsque la nuit s’annonce, j’aime à imaginer ton vol gracieux et puissant te ramenant au sommet de ton donjon, ce lieu de veille d’où tu va pouvoir admirer, à ton tour, les sentinelles nocturnes qui s’allument dans la voûte ainsi étoilée …
Chris
juillet 6009
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hum…. super j’aime et apprécie cette envolée d’écriture
Vos photos sont référencées sous l’appelation Aigle royal.Or vous présentez un Pygargue à tête blanche. La confusion est souvent issue de notre fascination pour la culture américaine au sens large, ou cet oiseau est appelé Bald Eagle (aigle à tête chauve) voire même simplement Eagle (aigle américain) et fait parti sous cette appellation de la symbolique du Pays. « Notre » aigle royal (Golden Eagle) a les pattes (mais pas les serres, contrairement à l’aigle botté) couvertes de plumes, un bec moins massif, un poids supérieur et une envergure moyenne légèrement plus grande. Si je me permet de vous le signaler, c’est parceque vous êtes très bien référencé sur Google image aux appellations aigle/aigle royal et que par ce fait, vous entretenez la confusion auprès des personnes moins informées et des enfants en quête d’illustrations. JE vous serez gré de corriger cette petite coquille. Par ailleurs, le texte lui est un bel hommage.
« Un beau jour, ou peut-être une nuit, près d’un lac je m’étais endormie.. »… pour le coup, il m’est apparu ce matin à peine à un bruissement, alors que je m’extirpais doucement de mon voyage abyssal en sirotant mon petit kfée : « Altaïr » ! Ciel, mais par quels paliers est-il passé pour remonter à la surface… jusqu’à ma conscience cérébrale, peut-être devrais-je dire vertébrale… Serait-ce l’effet d’une conjonction de coordination… mais ou et donc or ni_care… non non, pas brûlées… mais j’aurais pu… je me suis juste cassée le bec, comme Jonathan.
Extrême conj_onction de plusieurs éléments qui me reviennent soudain en une nanoseconde pour reprendre tes termes : « Altaïr », système embarqué (et oui, encore et toujours le voyage…) de radiolocalisation des bus parisiens qui se nommait à son origine « Aigle »… comme les pataugas qui m’ont portée sur les sentes reculées de mon enfance… mes rêves d’enfant, le pays d’autrefois dont parle la chanteuse Barbara pour y cueillir… non point encore, je ne peux le dire et encore moins l’écrire.. inaccessible car je ne sais pas encore ; alors je poursuis le lie(a)n… donc, de sentes foulées par mes pataugas, je suis passée pas plus tard qu’hier à celles foulées par mes chaussures lacées (mais pas lassées) dont la marque représente le symbole de l’hexagone, pour le coup, j’ai fortement veillé, afin de ne pas imiter ce seigneur des basses-cours, à ne pas y mettre les pieds… tiens donc, ça me laisse matière à « réflexion »… pas vous ? Non, pas toi, je sais que tu as compris… normal, tes deux neurones !
Et bien oui, jusqu’au bout le lien fut volatil puisqu’au détour de cette journée Est_ivale, je me suis laissée portée par mes pas jusqu’à une demeure abritant, entre beaux-arts et archéologie, un muséum d’histoire naturelle ainsi qu’une exposition dédiée aux travaux de Darwin ; et bien évidemment, IL trônait là, majestueux parmi ses cousins taxi-dermés (taxi… encore et toujours le voyage !).
Et puis, alors que j’attendais le serpent (son met préféré me semble-t-il) de fer qui devait me reconduire vers mon nid, je vis deux bus dont la livrée ressemblait à celle des bus parisiens… et voilà, la boucle est bouclée sur « Altaïr »…Alors, je me suis laissée glisser doucement dans ma nuit, en emportant par les fonds ce que mes billes bleues ont absorbé et que la lumière de mon cœur a unifié… serait-ce là le miracle de toute chose ? … je ne sais pas encore… le chemin est long, je sors à peine de ma coquille… qui, comme tout un chacun, ne peut être percée (et encore moins corrigée !) que par soi…
Soi, moi…oui, moi, qui ne souhaitais plus passer sur la toile du Mêtre par peur de basculer dans l’addiction… comme une vague, qui va et qui vient, rien ne ressemble à ce qui s’est passé il y a une seconde… flux et reflux, j’ai passé un nouveau cap (de bonne espérance… utopie) alors je reviens vers toi… hasard, oui, je sais, tu n’y crois pas.. moi non plus, depuis toujours, sauf que là aussi… je ne sais pas encore… plus j’avance, plus ma personnalité s’effrite… tiens, « frite », tout de suite, je pense au Nord… Nord ? l’Etoile du Nord… non, non, j’arrête-là…
Je file…