Digression … 27 juin, 2010
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Il existe un tunnel obscur dans la Lumière Infinie.
On l’appelle « temps ».
Lorsqu’un humain entre dans ce tunnel,
On appelle cela « naître ».
Lorsqu’un humain marche au long de ce tunnel,
On appelle cela « vivre ».
Lorsqu’un humain sort de ce tunnel,
On appelle cela « mourir ».
Considérer que vivre se réduit à évoluer au long de ce tunnel obscur,
Cela s’appelle « illusion ».
Percer des trous dans ce tunnel obscur,
Cela s’appelle « science ».
Savoir que la Lumière est autour du tunnel,
Cela s’appelle « Foi ».
Voir la Lumière dans le tunnel obscur,
Cela s’appelle « Amour ».
Voir la Lumière à travers le Tunnel obscur,
Cela s’appelle « Sagesse ».
Eclairer le tunnel obscur de sa propre Lumière,
Cela s’appelle « Sainteté ».
Confondre la Lumière et le tunnel obscur,
Cela est au-delà des mots.
(texte taoïste)
Transhumance 19 juin, 2010
Posté par hiram3330 dans : Billevesees & coquecigrues , 1 commentaireTranshumance
C’est la saison, hé oui .. l’hiver s’est dissipé, le printemps germe, le temps est venu de ce déplacement annuel plein des charmes d’une coutume ancestrale, d’une « mode » plus récente, d’une migration encadrée .. En fait la transhumance est double, duelle, car elle est flux et reflux …. estivale et hivernale ….
Dans la brume, à travers le brouillard, crevant les nuages bas, la harde se meut … bariolée, ivre des senteurs fortes, trépignant sur la pavé disjoint, dans un vacarme carillonnant …. Le départ est prit, le but défini, le trajet tracé, tout s’ébranle.
Fantomatique est ce cortège hésitant qui déchire le sol en zigzaguant d’un bord à l’autre, se heurtant à la brouillasse, divaguant dans la ouate humide, pour enfin s’extirper de cette glu impalpable des milliards de gouttelettes infimes qui brouillent la vue et pèguent les pas.
Insolite et bizarre, c’est la nuit qui règne là et qui découpe les minutes grinçantes, un peu comme une scie rouillée, ou une voix éraillée .. Étrange cette vision nocturne inattendue à mon regard d’écriveur …. Que ce passe-t-il donc ? Ai-je atteint une dimension inconnue, c’est inouï ces ténèbres qui clignotent devant ma vue et dissimulent les silhouettes évanescentes d’un troupeau éthéré.
Déchirement !
Troubles, une poignée de silhouettes mal définies se découpent sur l’ombre de la nuit, le troupeau n’est pas multitude .. mais je ne distingue pas encore de quoi il peut bien s’agir ici, dans une rumeur qui s’enfle d’une drôle de cacophonie qui blesse mes esgourdes.
Qu’ouïs-je, j’en reste ébahi …. des mots rauques ricochent dans les ténèbres et viennent écorner mes oreilles qui devinent, plus qu’elles n’entendent … » la digue du … en revenant de Nantes, la digue du … …. « . J’en suis soufflé (et pas au fromage), rêve-je ?
Je crois distinguer, sortant des ténèbres, comme une …. barrique ! Oui tu lis bien (non pas Libyen), ce genre de tonneau au diamètre imposant, pouvant contenir des flots de jus de raisin fermenté. Mais icelui est muni de pattes, comme une étrange figure humanoïde portant, apparemment, des attributs féminins. Dandinant même est cette apparition, dents dînant aussi qui sait.
J’en reste muet, et assourdi par la mélopée sauvage d’un autre âge qui rugit et surgit des catacombes d’un antre inconnu.
D’un coup c’est un sifflement qui se faufile jusqu’à moi …. une autre créature ubuesque se profile, ventre à terre, verdâtre, comme le serpent de « mogly » …C’est un serpent .. un brin ventru qui cherche mon regard pour tenter l’hypnose : j’en suis fasciné ! Heureusement, un éclair vient rompre l’envoûtement qui se dessinait .. éclat d’un sourire de Séléné qui, furtive, me sauve entre deux bancs de brume.
Je halète, j’halète mais pas encore d’allaitement pour moi …. l’instant vire au cauchemar sans queue ni tête, aurai-je abusé de desserts ? Le feu de Râ a-t-il consumé, sournoisement, la mécanique de mes (deux) neurones supérieurs ? Suis-je en état de lévitation transcendantale suite à un rail jointé de colle ?
J’y crois pas !
Maintenant, dégingandé, issu des brumes en lambeaux c’est un simulacre de King-kong (oui avec un K et un g à la fin … ça résonne mieux) mité qui se traîne en grognant et en bavant : l’image est … c’est un orang dégouttant qui s’avance en crabe, se frappant de ses poings sales le torse creusé à force de « je, moi » …. un ego velu bas sur pattes en quelque sorte. L’image paraît hardie, elle n’est que pathétique.
Une odeur iodée se répand et coule là et ici, comme si la brume larmoyait une odeur de morue .. curieuse impression olfactive qui titille mes narines pour une fois, hélas, non bouchées. Rien n’est parfait en ce bas monde, n’est-ce pas ? Hors donc ce « parfum » attise ma curiosité, mon oeil droit, le gauche ne servant qu’en période électorale, fouille (masqué par un voile de gaze) les bancs d’humidité rampante qui s’étalent comme des tartines de brandade.
Découverte : une poissonnière ! C’est une histoire de fou que cette hallucination délirante qui se déroule comme un serpent, qui telle une liane, cernerait un fût pour échapper aux gueulardises d’un primate douteux.
J’allucine !
Une autre ritournelle semble percer, note à note, le rideau grisâtre de l’humidité voilant la noirceur de la nuit obscure : « marinella, j’ai pris tes …… » sirupeuse romance d’inspiration, si on peut dire, îlienne proche de la Sardaigne. C’est un moustachu, au poils noir, qui se glisse avec une paresse (oui ainsi ils sont deux) langoureuse pour, sans heurt, disparaître poussivement sans excès de transpiration vers le bas … le haut étant ardu à vaincre à cette allure là.
Soudainement c’est une paire de motards souriant qui fusent du magma qui ternit ma vision .. enfin un sourire, double, dans ce défilé quelque peu dantesque et fantasmagorique …. une sorte de rayon pétaradant de soleil au gasoil surmonté là et ici par deux casques aux visières miroir.
La fissure se referme sur les gaz d’échappement, qui se diluent dans l’atmosphère, aux échos assourdissant qui s’estompent dans l’épaisseur de cette masse informe qui étouffe tous et tout.
Instant de silence, respiration retenue, attente crispée …. Un évènement serait-il sur le point de couler ce nuage bas, de ce brouillard dense, de cette purée non salée ?
J’observe muet ce moment cristallisé comme un souffle gelé, une image bloquée, un son coupé. Intense suspens ..
Transhumance ..
Ici où là ce sont des troupeaux de vaches meuglant, des régiments de moutons bêlant dans une cacophonie de grelots (comme pour les « fous » de jadis) et de clochettes/cloches comme … oui je vois que tu as deviné …. Et bien en cet instant où rien ne bouge, hors mes pensées et mon impatience congénitale, je retiens mon souffle dans l’attente, la tente aussi (pour résister à l’humidité ambiante).
Branlante, comme un spectre, se devine l’ombre trouble d’une silhouette étrangement proéminente en une démarche hésitante, les pieds semble-t-il en canard …. comme oui, tu devines là aussi …. comme une femme enceinte.
J’écarquille les hublots comme l’écoutille d’un navire dans la tempête … S’estompe un peu cette brume pègueuse qui couvre ce profil étonnant de rondeur quasi plantureuse .. pourtant ce n’est point un fût (en chêne), un tonneau (de bière), une barrique (de vinasse), non ce n’est pas tout cela, mais qu’est-ce donc ? Dis moi ce que tu en penses toi, interloqué comme moi que tu es dans cette expectative presque douloureuse, un chouya angoissante.
E.T. ? Une monstruosité ? Une horreur horrible ? Une aberration de la nature ? Une épure ratée ? Une ébauche débauchée ?
Je suis perplexe .. j’essaye de mieux voir au-delà de l’image estompée qui glisse, ventre en avant, deux éclats miroir en place d’yeux, humide de sueur plus que de bruine, en chuchotant comme glapirait un coyote » y-a quelqu’un ? ». Serait-ce le pâtre (non pas grec, ni le fromage d’ailleurs) de la troupe dépareillée et dépenaillée que j’ai cru apercevoir tantôt, bouche bée tant la stupeur m’immobilisait ….
Un berger, mais alors où se trouverait son clebs miteux (ressemblance probable) devant rassembler, rameuter ce régiment brinqueballant qui s’est laissé aller à heurter mon imaginaire devenu réel, ici et maintenant. A moins que …. lui-même …. tout seul …. fut un aboyeur de première …. les mal embouchés diraient une « grande gueule ».
Je divague sous le choc de l’émotion intense et profonde.
Le pâtre imposant, pas son diamètre essentiellement, sort en mesurant la largeur du chemin, tangue comme un bateau ivre, l’oeil légèrement vitreux, l’estomac le précédant, la voix éraillée éructant « où qu’elles sont les donzelles ? » L’écho de sa solitude du moment lui rétorque en raisonnant … « où sont les ailes ? » …. mais foin d’angelot (c’est condamné par la loin protégeant les mineur(e)s) ; reste à chanceler en zigzaguant pour al-lécher le goulot d’un canette rouillée.
Bizarre …. l’accouchement doit être proche, si je vois bien l’ampleur de la taille, la mise bas ne devrait tarder …. comme l’échouage d’un phoque après une tempête dans un verre (de vin).
Soudain, tout à coup, d’une manière prompte et subite, de façon inattendue et inopinée, l’instant est foudroyant, imprévisible …. brusquement un couinement chafouin retentit, comme le grincement d’agonie d’une cornemuse percée : mes gazelles (pas les cornes sirupeuses) je vous vois et vous reconnais malgré l’épaisseur … de la ouate qui nous sépare !
Ouf ce cri libérateur me fée sursauter, dessille mes illusions quasi éthyliques, rompt l’hypnose psychédélique comme la substance que tu connais (voyons …. c’est du chocolat dont il s’agit !), bref j’arrête de léviter pour reprendre pied sur le sol ferme et m’apercevoir que la nuit est tombée, sans bruit par discrétion ….
Je m’ébroue, je quitte mon immobilisme statutaire, je refait surface, je respire à nouveau …..
Quelle conte abracadabrant que ce songe bleu éveillé alors que la digestion de l’encas du « subway » s’achève et va mener mes pas vers un café frappé, frappé comme cette histoire tordue ….. et si c’était vrai ???
Un regard vers l’azur étoilé me rassure …. ton sourire y est encore, toujours, et j’aime …
Chris
juin 6010
Digression … Celte 6 juin, 2010
Posté par hiram3330 dans : Digressions , 1 commentaire
Le masque 2 juin, 2010
Posté par hiram3330 dans : Billevesees & coquecigrues , ajouter un commentaireLe masque
Il est .. vieux, si vieux qu’il dépasse presque mon histoire d’humain car je me pose la question de savoir s’il n’était pas là avant moi, enfin nous .. l’humanité (pas le canard), s’il n’était pas, potentiellement, avant même le Verbe paradoxalement.
Les musées d’ici et d’ailleurs en ont conservé de toutes sortes, des curieux, des étranges, des colorés, des hideux, des larmoyant, des souriant, des beaux … mais tous sont beaux si l’on perçoit, intensément, intuitivement, leurs paroles muettes et leurs clins d’oeil figés.
Les loups …. ceux de Venise, ceux d’halloween, ceux des saigneurs de jadis avec leur pif plein d’ail, ceux des clowns, ceux des truands braquant des épiceries, ceux des tragédies de la Grèce antique, ceux de l’Egypte pharaonienne, ceux de l’Afrique profonde, ceux du nouvel an chinois, ceux du « no » japonais, et des foultitudes innombrables qui sont partout où l’homme fut, est … sans omettre le masque mortuaire.
Un masque nous fait osciller entre l’apparence et la réalité, entre le « moi » et le « toi », entre comédie et tragédie, entre ce que je suis et ce que j’aimerai être, entre … entre la Parole et le Silence, entre l’Etre et le Paraître, entre une dualité et un duo … entre sol et ciel.
Un masque veut dissimuler une réalité au profit d’un rêve, d’un espoir, d’une imagination parfois désespérée .. mais dans le fond il reste le moyen d’être soi en étant autre, de laisser champs libre à ses refoulements innés et acquis, de faire croire d’abord à soi-même qu’on est autre, mieux, plus ceci, plus cela, mieux quoi !
Un masque peut également être de « beauté », plein de crèmes (pas la chantilly), de gras, d’huile, une mixture baroque aux vertus quelques fois utiles, souvent surtout pour le fabriquant … Aussi de « force » quand il protège de la brûlure, des éclats du feu et du plomb, des gaz nocifs, de l’asphyxie des profondeurs … Et encore de « sagesse » .. là peut être ce fameux masque « mortuaire » qui se façonne dans l’or, pour rappeler qui sait que l’or est immortel.
Curieux et étrange que cette possibilité ludique pour l’homme de camoufler son visage de chair par un simulacre amenant le questionnement sur ce qu’il dissimule … laideur externe, complexes, fantasmes, craintes .. fausse liesse …. ego !
Une galerie défile, sans ordre, dans mon esprit où se mêlent et s’emmêlent cette multitude multiple, terne et colorée, neutre et expressive, masculine et féminine, androgyne .. de papier mâché, de terre cuite, de matières plastiques, de bois, de métal, de verre, de tant et tant d’autres matières que la peau est avalée .. anthropophagie de l’ustensile.
Mais surtout, surtout ce qui déroute, désoriente, déconcerte est cette aspect figé, mort en quelque sorte.
Figé !
Arrêt sur image, sur une image drolatique ou ricaneuses, lumineuse ou sombre, imaginaire et réelle ! Tout se mélange dans un tourbillon insensé où je me mire dans des brisures et des éclats de songes bleu et de réalités éclairées …. Une palette, une palette internationale d’art et de gaieté, une palette dégoulinant de couleurs et d’émotions … ce masque figé est riche, mieux même : profond.
Extase soudaine comme une illumination !
Clown !! Voilà le meilleur d’entre tous, clown car l’humour, le rire, la joie, la gentillesse et l’amusement priment, encore, toujours, maintenant et hier, comme demain. Excessif peut-il paraître dans son paraître, mais qu’importe .. ces excès font pâmer les enfants, sourire les parents, c’est une belle et forte facette de l’art là.
Et moi, comme toi je fixe cette fugace image irisée plus touchante et émouvante qu’hilarante …. bizarre non ? Non ! Ce masque me touche par son symbole que je ressens intuitivement, de tout mon être, comme la facette qui devrait … qui devrait n’être point un masque mais une réalité quotidienne …. utopie : j’assume !
En fin de compte qu’importe l’apparence, la plus belle vision de ce masque, figé, blanc et noir, la vois-tu comme moi, la devines-tu, tu sembles perplexe par cette interpellation, tu cherches soudain … mais quoi donc ? Où ? Que lis-je ici comme interrogation, penses-tu un peu égaré ….
Voyons, voyons, tu ne vois pas ?
Laisses toi aller, oublies tout, regardes !
A l’instar des myriades d’étoiles qui ornent notre voûte céleste, le masque te dévoile l’essentiel, l’essence – ciel ….. un regard, où tu vas te perdre aspiré par le tourbillon d’une âme qui se dévoile ainsi … grâce à ce subterfuge qui fascine.
Chris
juin 6010