Expression 6 septembre, 2010
Posté par hiram3330 dans : Billevesees & coquecigrues , trackbackExpression
La surface blanche, et propre, fascine par sa pureté immaculée de l’instant d’avant ..
Tu la fixes, la scrutes, la dévores de ton regard déjà caressant qui lui ôte sa virginité apparente .. Cette toile pure et sans tâche encore se pare, pour toi, d’une multitude de traits et de couleurs, de volumes et d’idées, d’imaginaires non encore posés …
C’est comme un kaléidoscope que ton regard balaye cette espace plane encore apparemment vierge.
Pourtant tu vois, du discernes, tu distingues la trace future que tu vas y déposer dans des gestes amples et souples, tu sens littéralement la couleur qui va venir engendrer le mouvement immobile et magique de la vie issue de ton cerveau, de tes songes, de ta réalité de l’instant.
L’Oeuvre est là ! Sa naissance visible n’est dans le fond qu’un détail pour autrui, pour toi Maître d’Oeuvre elle est en toi, elle pousse comme l’enfant à naître, elle s’agite sans geste prête à bondir et à emplir l’espace sacralisé qu’est devenu ce panneau de toile frémissant d’une attente aussi douloureuse qu’excitante.
Ça bouscule, ça rue dans les brancards, ou plus exactement dans les circonvolutions des hémisphères gauche et droit de ton cerveau .. l’esprit turbine, l’imagination se heurte aux parois crâniennes, l’oeil s’aveugle en contemplant ton moi sans toit, les doigts s’agitent en cherchant avec un peu de fébrilité le pinceau, celui qu’il faut et pas un autre.
C’est l’instant !
La virginité va laisser place à une parcelle de ta vision … cet espace va se parer de ton ressenti, la blancheur va se teinter de ton regard intérieur, le vide théorique va se parer de tes perles.
Banzaï ! A l’assaut ! Le pinceau tel un sabre va se couvrir de couleur avant d’aller zébrer, caresser, colorer l’infini sans couleur qui te fixe narquoisement et qui t’excite presque avec colère .. Il est temps de couvrir ce vide, qui n’en est pas un, par ton Idée teinte aux couleurs de tes envies.
A l’abordage de ce navire encore éteint, tes voiles d’un souffle puissant viennent peindre la naissance épuisante de ton imagination qui gronde et gémit en venant couvrir cette nudité provocante. Ouf des tâches jaillissent, des traits se croisent, des points picorent l’indéfini … L’expression vient de débuter son enfantement que tu diriges d’une main de Maître.
L’esquisse paraît avec une douce lenteur sous les coups secs de pinceaux humides du besoin de se plaquer, et de marquer leurs empreintes qu’ils croient, naïfs, maîtriser alors que c’est toi qui de tes doigts souples entraîne les déliés, les creux, les traits …. Maître d’Oeuvre, Maître d’Ouvrage, Maître de la création te voilà agitée d’une saine force te poussant vers la beauté d’une sagesse interne …
L’abstrait incréé de ton imagination ( imagination est-ce sûr ? ), de tes pulsions profondes, de ton souffle viscéral, de ton esprit en ébullition surgit tel Zorro de la nuit pour éclairer cette blancheur cédant …. l’abstrait .. l’abs-traits .. l’art du trait .. glissement sémantique allant de pair avec le glissement des pigments qui se chevauchent et se mêlent.
Tu mélanges ta transpiration salée aux couleurs sucrées dans une apothéose d’arc-en-ciel, de feu d’artifice .. mais s’agit-il ici d’artifice ? L’épuisement qui te gagne, qui te malaxe, qui te vide alors que l’oeuvre , que l’ébauche d’un croquis pousse ses tentacules comme une marée inexorable, l’épuisement en devient un soulagement, l’amorce d’une quasi extase … étrange phénomène que voilà.
Étrangeté de la création spirituelle venant s’incarner par la couleur sur une toile virginale souriante de ces noces artistique autant que mystérieuses .. mystiques parfois, éclatantes toujours d’une gaîté sincère venant du fond de ta douleur interne … paradoxe de l’art et de ses expressions diverses et personnelles.
Un peu hagard tu fixes ces éclats de couleurs qui s’assemblent et ressemblent, partiellement, à ta soif d’expression .. moment de frustration devant l’inachevé (c’est toujours inachevé tu le sais …), moment d’incertitude (le doute tu connais …..), perplexité face à ton image fragmentée et fragmentaire (c’est pas nouveau …….).
D’où provient donc ce « tableau » ? penses-tu silencieusement .. étonnée que tu es d’avoir accouché d’icelui ainsi et pas autrement. Pourtant c’est ton corps, relayant ton esprit qui a fait naître cette image qui t’étonne, te frustre car tu ne t’y reconnais guère, peu, pas beaucoup .. et oui ce n’est pas un miroir ( te souviens-tu de lui ? ), juste une bouffée de ton être dans l’infini d’une seconde qui a déjà disparue, fuyant ton regard critique.
Expression …
Mot si complexe dans sa simplicité, il va bien à ton « art » de traits et de couleurs, de courbes et de cachets, parfois même de présages .. ceux qui dévoilent une parcelle de l’âme, ceux qui font comme un canevas du labyrinthe de notre présent à venir, ceux qui sont nous aujourd’hui et demain.
Mot « guttural » muet pour toi qui l’exprime par la peinture lâchée sur l’immaculé d’un plan inexploré dans l’instant qui jaillit, fougueux, de ton esprit multicolore ..
Mot sans lettre … comme si tu ne savais ni lire, ni écrire, ni même épeler …
Expression de l’infini, comme celui que je regarde, moi, en levant les yeux vers la voûte étoilée …
Chris
août 6010
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Sacré Toi! Que d’émotion tu as réussi à me faire taire.