Saint Jacques de … 17 septembre, 2012
Posté par hiram3330 dans : Billevesees & coquecigrues , trackbackSaint Jacques de …
C’est amusant de laisser planer ainsi la possibilité à son imagination de poursuivre, à sa guise (tel de Duc de …), après cette suspension de points.
Saint Jacques laisse entendre que nous allons évoquer une figure reconnue de l’église catholique apostolique et romaine (oui tout cela, et c’est important la précision, tu peux regarder et réfléchir pourquoi …).
Saint Jacques peut avoir un arôme de coquille (du même nom) cuisinée de moult manières, encore faut-il qu’elles fussent fraîches (y compris congelées/surgelées).
Saint Jacques nous entraine dans une sorte d’épopée multicentenaire par ses chemins européens menant dans un lieu où … oui où ?
Santiago de Compostela dans le sabir local, et même autochtone … l’ibère, castillan et galicien, nonobstant les patois antérieurs (et si tu creuses tu en trouveras des tumulus, des plus étranges aux plus inattendus).
Mais que nous chaut ces nominations n’ayant rien à voir avec les « césar » et autres fanfreluches dérisoires !
Parfois il est coutume de dire : « tous les chemins mènent à Rome ! » …. Grossière exagération, et même énorme erreur provenant de la foi mauvaise d’une église romaine impérialiste et volontiers dominatrice.
Posons nous la question, à cette occasion de réflexions sur « Santiago », du chemin, de son but (s’il existe), de la manière de l’emprunter puis de le rendre (on n’est pas des brigands voleurs).
Si j’en crois l’histoire (apostolique romaine d’inspiration) c’est une poussée de foi mettant en branle des cohortes de croyants (chrétiens, tendance « catholiques romains ») vers le tombeau supposé de saint jacques situé dans ce lieu galicien.
Dont acte !
Mais me semble-t-il ce « lieu » fut, aux temps « païens » (voir la définition du terme dans une encyclopédie) un endroit déjà « sacré » (voir aussi la définition de « sacré »), de plus des influences diverses traversèrent cette zone géographique, notamment celtiques ….
En tout état de cause quel est le pourquoi de cet engouement nouveau pour cette randonnée sans fin, aux confins européens continentaux, près de l’Atlantique (non pas Atlantide … quoique …).
Les chemins balisés convergent vers ce point de ralliement symbolisé par une cathédrale agrandie aux cours des siècles, les « pèlerins » munis d’un bâton et d’une coquille souvent, sillonnent les lieues, par tous temps.
Ainsi le nombre d’ampoules aux pieds résultant de ces marches hébétées parfois suffirait à illuminer notre terre entière, sinon ses habitants … pieds en compote (compostelle ?) ou pas, pas après pas d’ailleurs, d’ailleurs et d’ici itou.
Je ne te parle même pas des crampes, tendinites, claquages, foulures, entorses, coups de soleil, coup de chaleur, coup de pompe et j’en passe des plus pire pour ne pas t’effrayer toi qui est tenté par cette ballade .
Par la même occasion je te rappelle qu’il faut franchir ce modeste massif que l’on nomme Pyrénées, traverser quelques cours (pas si courts que ça) d’eau(x), patauger dans la gadoue et respirer les poussières de la sècheresse, résister aux assauts sadiques de divers insectes et autres (un peu plus costauds), en quelques sorte une vraie promenade de santé.
Et pourtant … et pourtant.
Ça marche !
En toutes saisons ça trottine, ça batifole, ça randonne, des lacs de sueur pourraient être ainsi déposés le long de ces chemins antiques …
Antiques oui car ces pistes ne varient pas au fil du temps, les années passent, formant les siècles de marches … les étapes surgissent çà et là bourrées de symboles et d’énergie invisible, recevant les membres lourds et les visages marqués de cette queste ressemblant à une transhumance éternelle.
Mystère de ces pas succédant aux pas, de cette réelle souffrance physique qui naît rapidement, de ces hordes pédestres, parfois vélocipédiques, le souffle court comme l’ampleur des foulées en fin de journée.
Il me souvient là, soudainement, une phrase prononcée par André Malraux (paraît-il) : » le XXI° siècle sera religieux ou ne sera pas« .
Je fais plutôt partie, si je puis dire, de ceux qui estiment, en lieu et place de « religion » (même en son sens initial réel) plutôt préférer le terme, la notion de « spirituel » (en son sens propre bien sûr) … C’est du moins ce que je peux ressentir en observant ces millions de pas de passants passagers allant vers cet énigmatique centre géographique.
J’oserai même y percevoir comme une déambulation dans un labyrinthe, précisément un de ceux placé dans les cathédrales du moyen âge, dissimulés ou détruits ensuite par un « clergé imbu de son pouvoir sur les têtes et les corps … et non sur les « âmes ».
Étrangeté de ces déplacements fractionnés, une semaine par an, neuf étapes successives, 108 kms en trois jours, tant de possibilités se sont faites jour, sans nuire à l’esprit, au sel de la démarche, de la dé – marche …
Sentir sous ses pieds défiler les mètres, hectomètres, kilomètres …
Voir défiler les plaines, les monts et les fleuves …
Subir la chaleur, la pluie, le vent …
Souffrir dans sa chair …
Étrangeté de ces déplacement poussés par la foi ? Poussés par la volonté de se dépasser ? Poussés par un pari (stupide d’un coup) ? Poussés par l’impétueux et impérieux besoin d’être seul avec soi même, comme une sorte de « pénitent » de jadis et d’aujourd’hui ? Poussés par un arrière goût de masochisme ? Poussés … … … et plus encore.
Cette démarche de marche reste intime dans sa décision et sa pratique ; nous avons tous les cas de figure, nous avons toutes les raisons, nous avons tous les espoirs, nous avons des centaines de kilomètres pour passer l’esprit au tamis du chemin.
Alors lorsque tu verras une, plusieurs, de ces silhouettes harnachées d’un sac à dos conséquent, quand tu distingueras dans la brume tremblotante des êtres vacillants, quant tu percevras des ondes de douleurs derrière les dents serrées, quand tu sentiras le souffle salé de la sueur, des larmes parfois, aiguise ton regard et va chercher au fond des cœurs cette parcelle de lumière qui est le moteur de cette quête paraissant absurde …
Et la cathédrale semblant marquer l’arrivée, elle est construite pierre après pierre, en chacun des cherchants …..
Tu pourras peut être comprendre que le chemin, le vrai, se passe dans le cœur et dans l’esprit du marcheur, mobile ou immobile.
Pour ma part, Saint Jacques de Compostelle est le « chemin du champ des étoiles » ….. là où levant les yeux vers la voie lactée, c’est un sourire qui motive mes pas.
Chris
septembre 6012
et aussi : http://membres.multimania.fr/rutajacob/
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Bonjour Chris, et à vous toutes et vous tous pèlerins de passage sur ce blog… une étape parmi d’autres jalonnant notre éternel voyage…
« Parfois il est coutume de dire : « tous les chemins mènent à Rome ! » …. Grossière exagération, et même énorme erreur provenant de la foi mauvaise d’une église romaine impérialiste et volontiers dominatrice. »
Grossière exagération ? Tout dépend de quel point de vue l’on se place… vu d’en-bas… je souscris… vu d’en-haut je te dirais « tous les chemins mènent à l’univers des dieux ». C’est du vécu, du sentu, du perçu ! Au cours d’un week-end en mode Dolce vita, en novembre dernier, mes pas m’ont portée entre le religieux et le sacré… avec, entre deux, le Panthéon… histoire de rester en équilibre ; quoique bien éclairé, je n’ai pu m’empêcher d’y substituer l’image de son « homologue parisien » qui me semblait plus lumineux… j’avoue que le poids du pouvoir pontifical a quelque peu plombé mes pas. Quant au sacré, c’est comme la Dolce vita… difficile de trouver les mots pour exprimer un moment d’ataraxie… Première « mise en condition intérieure » avec les splendides et non moins interminables fontaines… de quoi réfléchir… au vœu à offrir à la Fontana di Trevi ; et puis, d’obélisques en sphinx, le Colisée avec sa porte d’entrée et ses marches hautes et étroites qui laissent entrevoir un chemin dont on ne devine pas l’issue, ses fondations qui, observée d’en-haut dévoilent les méandres d’un labyrinthe… ça mijote, ça bouillonne, ça foisonne dans l’athanor jusqu’à l’arrivée au Mont Palatin… d’âme (dame) et de cœur je me suis sentie… bien, vraiment bien… sensation douce et légère de déjà vu… Ensuite, le Vatican… l’être humain fait figure de lilliputien à côté des immenses ensembles de sculptures, et puis, j’ai cherché, en vain (non, pas le vin) qui, un soupçon de vitrail, qui la lumineuse (et non moins numineuse) clarté d’une rosace… que nenni. Le sacré en moi tentait de résister à l’assaut d’une telle pression… je suis donc partie, non pas en boire une, mais déguster un capuccino dont seuls les romains ont le secret !
Alors oui… pour moi, tout les chemins mènent à Rome et… à chacun son chemin de Compostelle… marchons, encore et encore, même si nos pieds sont en compote … qu’importe, ce qui compte c’est le voyage ici ou ailleurs… Marc Aurèle (dont le buste est exposé au Musée du Mont Palatin… enfin, juste la tête… c’est l’essen_ciel !) nous dirait que nous pouvons nous retirer en nous-même, quelle que soit l’heure ou l’endroit pour creuser au-dedans de soi, là où se trouve la source du bien qui peut toujours jaillir si on creuse encore et encore…
Je terminerai sur une petite note d’humour (pont… aqueduc que dis-je ! entre nos doutes et nos certitudes) s’agissant des pieds en compote… en éc(h)ocitoyenne responsable… je dirais plutôt en compost…à y réfléchir, on reste dans le vif du sujet… cf l’arcane sans nom…
Bon voyage…
Erreur ! Les pèlerins ne partaient pas « parfois » avec un bâton, mais « toujours » avec un Bourdon. « Prendre son bourdon » était synonyme de « partir en pèlerinage » ; l’expression est aujourd’hui passée dans le vocabulaire courant, il est vrai à toutes les sauces.
Jean-François Demange