Dialogue 20 novembre, 2012
Posté par hiram3330 dans : Billevesees & coquecigrues , 1 commentaireDialogue
Magie du terme qui met en relation au moins deux êtres pour un, des échanges parfois sévères, parfois tendres, parfois poudrés d’humour, parfois saupoudrés de symboles visibles et invisibles.
Toute particule vivante, et toutes les particules le sont, entame sans cesse ce type de relations avec l’autre, les autres, elle-même quelquefois … Peu importe l’instant, le lieu, l’interlocuteur … Dialoguer est enrichissant, même au travers de heurts.
Une bizarrerie est tout de même le dialogue muet … sa densité est infinie … il est d’Or et d’Argent.
D’Or et d’Argent … tels Soleil et Lune qui dialoguent quotidiennement, dans l’éther visible et invisible depuis ….. oui, encore davantage et plus si ma mémoire est bonne.
Dialogue est parfois un écho rebondissant sur le plat d’un miroir au tain dissimulé en embuscade du son, pour un retour en coup droit, ou en revers … sans filet la plupart du temps, du temps qui n’existe pas là non plus.
Je suis toujours étonné de la difficulté d’entamer (sans couteau) un dialogue en évitant un double monologue de sourds, dans l’atmosphère asthmatique d’un ring virtuel où pleuvent coups bas, menteries, mais surtout incompréhensions réciproques.
Alors pourquoi ne pas lever les yeux, observer l’alternance du Soleil et de la Lune, espincher leurs échanges permanents, deviner leur complicité, apprécier leur entente, essayer de comprendre cette permanence dans leur dialogue énergétique.
Comment ! Ils ne se voient que rarement songes-tu dans la solitude de ton regard atrophié … Comment font-il pour jacasser en duo alors que l’un est roi du jour et l’autre reine de la nuit ?
Comment séparer le jour de la nuit ?
Si je ne m’abuse, lors de la création … au commencement était le Verbe … la nuit et le jour furent sortis du Tout et formèrent là déjà un ensemble insécable … et tu sais aussi bien que moi que cela ne date pas d’hier.
Dans un raccourci plein de hardiesse de ma part (ça m’arrive) je considérerais que dialogue est similaire en quelque sorte, à une Unité, comme toute dualité apparente et illusoire …
D’aucuns prétendent opposer le « Blanc » et le « Noir » !? Impossible ne sais-tu donc pas ?! Et de là, et même d’ici, découlent toutes autres analyses un rien sensées sur les pseudo oppositions qui sont en réalité de véritables complémentarités : question de « cycle » dirais-je à mon avis.
Or donc Soleil et Lune dialoguent … L’un illumine nos journées, l’autre éclaire nos nuits ; pourtant la lumière diurne est chaude dit-on, celle nocturne est froide affirme-t-on. Bizarrerie qui m’interpelle tel un CRS sur la route !
En étant une miette rationnel, je me dois (c’est tout bénéfice) de constater que la Lumière est Une et prend source, dans ce cas là, au sein de la masse nucléaire en perpétuelle fusion de l’astre d’Or.
La planète d’Argent, quant à elle, profite des mouvements stellaires pour nous renvoyer cette Lumière dès lors dans son rôle de « miroir » … Miroir … ça me rappelle quelque chose ce « miroir » …..
Est-ce pour caresser l’ego solaire (miroir dit moi que je suis beau …..), est-ce pour que je puisse, moi terrien, bénéficier encore d’une Lumière (aux propriétés certes différentes), est-ce pour m’aider à retrouver mon chemin égaré dans la ténèbre ?
Cette conversation lumineuse entre l’astre et la planète me fascine par sa complémentarité, et me fait prendre conscience que la distance, le temps n’existent pas, du moins tel que je pensais le percevoir si orgueilleusement.
Chaud et froid, Or et Argent, dualité apparente car les apparences sont du domaine de l’illusion me semble-t-il … Alors dois-je voir un simple reflet d’Argent provenant de l’Or ? Curieuse alchimie que voilà, en dehors des « sentiers battus » (les pôvrounets), et pourtant …
Toutefois lorsque je lève les yeux (et le nez, et tout et tout) j’observe que la reine blanche peut être mordorée, voire même d’Or parfois … est-ce un signe, un clin d’œil royal, un « pied de nez » vers celui qui justement lève le sien avec son regard surpris soudain.
Ping-pong !
Et puis je dois te dévoiler un Grand Secret : lorsqu’ils se laissent aller à des velléités sensuelles, n’as-tu point remarqué qu’une couverture nuageuse, épaisse, vient recouvrir leurs probables ébats ? Si, si je t’assure (tous risques au diable l’avarice) c’est vrai ! Comme imagines-tu que naissent les comètes ?
Dialogue est une richesse d’Or et d’Argent, comme le choc flamboyant au sein d’un athanor, comme le sel alchimique d’une calcination voulue, comme la rencontre du souffre et du souffle, comme le jaillissement d’une pierre incandescente, rougeoyante.
Dialogue est un partage d’Or et d’Argent, de Silence et de Parole, d’échanges …
Dialogue est un Tout, Un Tout, Un …
Je me laisse bercer par cette musique qui vole et s’enroule au gré des phrases, des mots, des sons, du ton … musicalité qui vient caresser ma peau, mon esprit, mon âme telle l’aile d’un oiseau, d’un chérubin, d’un ange.
Me voilà apaisé, et serein (serin tel un canari évidemment) en cet instant sans temps où l’espace est infini d’absence car nous échangeons, quasiment l’esquisse d’une osmose plutôt que le rebond d’échos …
Plénitude.
Alors tandis que nous sommes ainsi liés, unis dans ce silence des mots inutiles devenus, loin de regarder l’incommensurable de la voie lactée pour deviner un sourire, je plonge mon regard dans la voûte étoilée du tien … J’aime
Chris
novembre 6012
Brouillard 1 novembre, 2012
Posté par hiram3330 dans : Billevesees & coquecigrues , 1 commentaireBrouillard
Derrière une vitre salie des dégoulinades du brouillard je tente de percer l’au-dehors d’ici, d’entr’apercevoir dans cette grisaille humide la découpe d’une silhouette que j’ai perdu de vue.
Saison magnifique de couleurs je ne peux te voir tant la densité de cette ouate altère ma vision sans désaltérer ma soif de te deviner, là, souriante et gaie, la main tendue vers ce verre trempé d’une infinité de molécules d’eau …
Mon regard s’épuise à tenter de déchirer, de lacérer cette masse dense qui éteint la lumière d’un sourire, délave la couleur de tes yeux, déforme sans cesse une image de ton âme.
Sale temps !
Sale temps ? Pourquoi sale ? Au contraire les milliards de gouttelettes infinitésimales devraient apurer ma vision … Las ce n’est pas le cas, cette multitude brouille sans pitié, et douloureusement, le contour de ton ombre un peu comme l’hésitation d’une larme retenue au coin de mes yeux.
Cette moiteur en suspension glace mon esprit, givre mes pensées, ourle mes souvenirs en craquelant dans l’image troublée que je m’essaye, en vain, à perforer d’étincelles multicolores d’un rire d’hier.
J’étouffe …
La touffeur est telle qu’elle engorge mes poumons, inonde mon visage, dissimule le paysage morne de solitude, entraîne les débris des clichés sépia du temps d’avant …
Voilà que le ressac de cette marée impromptue, incompréhensible va et vient dans un rythme ravivant un hier plus lumineux et doux … tristesse d’un passé devenu fugace, puis fuyant sans savoir pourquoi.
J’angoisse …
Quand le souffle me manque, lui aussi … est-ce lié ? Comme hésiter, bien sûr que c’est lié comme la succession formant film dans ma mémoire incrustée d’elle, d’ailes, s’envolant comme Icare jusqu’à se fondre et se confondre en nous.
Brouillard …
Surprenante étrangeté que ce nuage de vapeur d’eau en suspension, formant prisme, déformant réalité, délavant l’arc en ciel, mouillant le coin de l’œil, s’infiltrant sans bruit dans le silence d’une question muette qui cherche à s’évader de la boule de ma gorge.
Humidité qui glace et qui fige dans un mouvement immobile, comme un cri aphasique, un sanglot sec traçant un sillon dans la poudreuse des réminiscences ternies par l’absence sibylline d’une présence douce et câline.
Anhélation.
Me voici à nouveau sans souffle sous la ruade d’un éclair hachuré qui brise en milliards d’éclats tranchant une image, une forme, un parfum, une tendresse de jadis …
Me voilà grimaçant dans le miroir de toi, la sueur se mêlant à l’infinitude des perles de bruine qui aiguillonnent ma souffrance et m’enragent de n’être que moi là, seul.
Cette ambiance me pèse, m’écrase par mon incapacité à la dissoudre … je nage sans espoir d’atteindre une rive dont je ne sais même plus si elle existe encore.
Brume …
Dans mon esprit où vacillent tant et tant d’hypothèses cocasses probablement, erronées j’espère, acides un zeste, la cohérence de mes propos de moi à moi m’inquiète par ces chocs qui parsèment mon crâne d’étincelles dévoreuses de moments heureux.
Je frissonne.
Cette humidité suce la moelle de mes os tel un vampire d’Europe centrale au XVIII° siècle et taquine les rhumatismes à peine assoupis, faisant grincer les articulations dans un sinistre bruit de sable écrasé.
Déchirure.
Dans un fracas strident s’écarte brutalement le rideau gris de cette matinée froide comme une balafre d’un couteau-scie ; la buée s’accroche avec désespoir comme une sangsue acariâtre sur ce silicate chauffé et compacté pour en devenir transparent.
Transparent,
comme toi que je ne discerne plus dans cette purée glauque qui englue l’esquisse de ton sourire tentant de trouer cette masse quasi gélatineuse de grisaille ruisselante.
L’aurore ressemble au crépuscule dans cette ambiance mate et oppressante.
Je tente désespérément d’apercevoir la rivière de diamants qui illumine la voûte céleste tapis de crainte dans la couverture imbibée de ton absence …
Chris
novembre 6012