JE PLEURE 2 octobre, 2024
Posté par hiram3330 dans : Apports , trackbackJE PLEURE
Je pleure le temps de l’absence
Des pères qui fuient leurs enfants,
Les petits perdus sans défense
Immobiles dans la cour des grands.
Je pleure les jouets sans ressort
Dans les songes des anges cruels,
Les emblèmes à tête de mort
Dans la hotte du Père Noël.
Je pleure les rebuts de l’âge
Et les corps qui se défont,
S’enfoncent chaque jour davantage
Dans le noir d’un puits sans fond.
Je pleure la désespérance
Et l’errance des sans-abris,
Sans un toit, l’ombre d’une chance
De sortir un jour de l’oubli.
Je pleure la douleur des ventres,
Et l’attente dès le matin
Des brûlures qui se concentrent,
Les nœuds de la peur, de la faim.
Je pleure les masques de fer,
Les torrents de fiel qui mènent
Entre deux murailles de verre,
De l’indifférence à la haine.
Je pleure les chants qui racontent
Les corbillards de fortune,
Et conduisent encore sans honte
Des Mozart aux fosses communes.
Je pleure les hommes en attente
Dans les couloirs de la mort,
Le doigt qui presse la détente
Sur les tours des miradors.
Je pleure les corps de rechange,
Le commerce des chairs à canon,
Les coups de couteau qui s’échangent
Sous les bombes à fragmentation.
Je pleure les heures qu’on décompte,
Le labeur subi sans passion,
Les bras qui s’écartent à bon compte
De la chaîne humaine en action.
Je pleure les mots qui s’enlisent
Dans l’ire des rejets, le dégoût,
La paresse qui se déguise,
Les pâles devises des voyous.
Je pleure le viol des langues,
Les mensonges dits à demis-mots,
Et le vol enfoui sous la gangue
Des formules, le règne du faux.
Je pleure la fuite en avant,
Dans les trous noirs du destin,
Les discours du monde savant
Qui ne font ni mal, ni bien.
Je pleure les mains qu’on rattache
Aux tâches ingrates et soumises,
Les intermédiaires qui se cachent
Derrière ceux qui raflent la mise.
Je pleure les arbres arrachés,
Les géants couchés, les sans-terre,
Les racines au ciel dressées
Des aveugles dans la lumière.
SOURCE : http://patrick-carre-poesie.net/spip.php?rubrique45
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Dont la douce prévenance
Rendra l’ici-bas plus beau!
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