C’était une petite Mamie 27 avril, 2025
Posté par hiram3330 dans : Apports , 1 commentaireC’était une petite Mamie
Et moi j’étais plombier
Je suis venu réparer sa chaudière…
mais c’est son regard qui m’a brisé
Elle m’a ouvert la porte, emmitouflée dans une vieille écharpe, un bonnet et des gants…
À l’intérieur, il faisait plus froid que dehors
Cette petite dame d’environ 80 ans, vivait seule chez elle
Une maison modeste, tout comme elle
On sentait immédiatement que sa retraite ne lui permet pas de vivre dans le confort
Je suis resté trois heures à réparer son chauffage : changer les soupapes, redémarrer une vieille chaudière, me battre avec la rouille et l’humidité
Tout en essayant de garder le sourire, de plaisanter un peu
Parce que l’ambiance, elle, était remplie de silence, et de solitude
Même si le visage doux de cette femme respirait la tendresse
Quand j’ai eu fini, elle m’a regardé avec un petit sourire et m’a dit :
« Béni soit un plombier qui garde toujours le sourire… »
Je lui ai demandé 50 euros.
J’en avais dépensé 43, mais ce n’était pas grave.
Elle m’a tendu un billet de 20 € et a ajouté, très gênée
« Je vous donnerai la reste quand je toucherai ma retraite… »
Je suis reparti avec un nœud dans le ventre et un poids sur le cœur
Pas à cause de l’argent, non
Mais parce que ça ne devrait pas exister, ça
Et parce que ça m’a fait mal
On était le 9 du mois, seulement le 9
et sa retraite, elle ne la percevait qu’en fin du mois et je le savais
Avec les jours fériés entre-temps, elle devra attendre encore plus longtemps sûrement
Pour se chauffer
Pour vivre
Ce n’est pas une histoire de pitié C’est une histoire de colère
Contre un système qui abandonne ceux qui l’ont fait tenir debout pendant toute leur vie
Contre un monde où les produits de première nécessité deviennent des luxes pour les petites gens
et où une retraite ne couvre même pas deux semaines de vie pour subsister
Et pourtant, elle m’a dit :
« Monsieur je ne peux pas vous les donner maintenant
Je les mettrai dans la boîte aux lettres quand j’aurai de quoi… »
Je ne suis pas riche
Et je sais que la vraie pauvreté, c’est manquer d’argent, certes
Mais c’est surtout de vivre dans un pays qui oublie les siens
Son propre pays
Et qui les laisse crever à petit feu dans la misère…
LA TAILLE DE VOTRE DRAME EST PROPORTIONNELLE À LA TAILLE DE VOTRE EGO. 26 avril, 2025
Posté par hiram3330 dans : Apports , ajouter un commentaireLA TAILLE DE VOTRE DRAME EST PROPORTIONNELLE À LA TAILLE DE VOTRE EGO.
J’apprends lentement que je n’ai pas à réagir à chaque chose qui me dérange.
J’apprends lentement que l’énergie nécessaire pour réagir à chaque « mauvaise » chose qui m’arrive me vide et m’empêche de voir les autres bonnes choses de la vie.
J’apprends lentement que je ne vais pas être le confort de tout le monde et que je ne vais pas être capable de faire en sorte que tout le monde me traite comme je veux être traité et ce n’est pas si grave.
J’apprends lentement qu’essayer de ′′′gagner′′ quelqu’un n’est qu’une perte de temps, d’énergie et que cela ne fait que me remplir de vide.
J’apprends lentement que le fait de ne pas réagir ne signifie pas que je suis d’accord avec les choses, mais simplement que je choisis de m’élever au-dessus.
Je choisis d’apprendre la leçon, elle m’a servi et j’en tire des leçons. Je choisis d’être la plus grande personne.
Je choisis ma tranquillité d’esprit parce que c’est ce dont j’ai vraiment besoin.
Je n’ai pas besoin de plus de drame.
Je n’ai pas besoin que les gens me fassent sentir que je ne suis pas assez bien.
Je n’ai pas besoin de bagarres, de disputes et de fausses connexions.
J’apprends lentement que parfois, ne rien dire dit tout.
J’apprends peu à peu qu’en réagissant aux choses qui me contrarient, on donne à quelqu’un du pouvoir sur moi et sur mes émotions.
Je ne peux pas contrôler ce que font les autres, mais je peux choisir comment je réagis, comment je le gère, comment je le perçois et dans quelle mesure je le prends personnellement.
J’apprends lentement que, la plupart du temps, ces situations ne disent rien sur moi et beaucoup sur l’autre personne.
J’apprends que toutes ces déceptions sont là pour m’apprendre à m’aimer et me serviront de bouclier.
J’apprends que même si je réagis, cela ne changera rien, cela ne fera pas que les gens m’aiment et me respectent soudainement, cela ne les fera pas changer d’avis comme par magie.
Parfois, il est préférable de laisser les choses aller, de laisser les gens aller, de ne pas se battre pour tourner la page, de ne pas demander d’explications, de ne pas chercher des réponses et de ne pas attendre des gens qu’ils comprennent ce que vous voyez.
J’apprends peu à peu que la vie est mieux vécue lorsque l’on ne se concentre pas sur ce qui se passe autour de soi, mais plutôt sur ce qui se passe en soi.
Travaillez sur vous-même, sur votre paix intérieure et vous découvrirez que ne pas réagir à chaque petite chose qui vous dérange est le premier ingrédient pour vivre une vie heureuse et saine.
Louise HAY & Wayne
SOURCE : Esprit Du Serpent Blanc
Raymond Devos – La porte (Live officiel à l’Olympia 1994) 25 avril, 2025
Posté par hiram3330 dans : Silhouettes , ajouter un commentaire
L’âme est-elle immortelle ? 24 avril, 2025
Posté par hiram3330 dans : Apports , ajouter un commentaireL’âme est-elle immortelle ? Qu’est-ce la vertu ? Peut-elle s’enseigner ?
Autant de questions auxquelles Platon tente de répondre dans l’un de ses ouvrages les plus fameux (Le Ménon) Le Ménon est un dialogue philosophique majeur de Platon, centré sur la nature de la vertu (aretê) et la question de sa transmissibilité. Il met en scène Socrate et Ménon, un jeune aristocrate thessalien influencé par les sophistes, notamment Gorgias.
Dès les premières lignes, Ménon demande à Socrate si la vertu peut s’enseigner. Cette question apparemment simple devient le point de départ d’une enquête philosophique plus vaste sur la définition de la vertu, la possibilité du savoir, et la nature de l’âme.
1. Qu’est-ce que la vertu ?
Plutôt que de répondre directement à la question de Ménon, Socrate souligne qu’on ne peut savoir si quelque chose peut être enseigné tant qu’on ne sait pas ce qu’il est
Il invite donc Ménon à fournir une définition générale de la vertu. Ce dernier propose d’abord une liste de vertus selon les âges, les sexes ou les fonctions sociales — une réponse que Socrate juge inadéquate car elle ne révèle pas l’essence commune de la vertu.
Plusieurs autres définitions sont discutées : la vertu comme capacité de commander, comme désir de choses bonnes, ou encore comme justice.
Socrate les rejette tour à tour, pointant leur caractère trop particulier, leur circularité, ou leur incohérence logique.
2. Peut-on apprendre la vertu ?
Incapables de s’accorder sur une définition claire, les deux interlocuteurs s’interrogent néanmoins sur la manière dont on pourrait acquérir la vertu. Cette réflexion mène au célèbre paradoxe de Ménon, formulé par le jeune homme :
« Comment chercher ce que l’on ne connaît pas ? Si on le connaît, on n’a pas besoin de le chercher. Si on ne le connaît pas, comment saura-t-on que c’est cela qu’on cherchait ? »
Ce paradoxe soulève une objection radicale à la possibilité même d’apprendre : toute recherche semblerait vaine.
Socrate y répond par l’introduction d’une de ses thèses les plus célèbres : la théorie de la réminiscence.
La théorie de la réminiscence
Pour dépasser le paradoxe, Socrate avance que l’âme humaine est immortelle et qu’elle a contemplé les vérités éternelles avant de s’incarner. Ainsi, toute connaissance véritable n’est pas une acquisition ex nihilo, mais une remémoration de ce que l’âme savait déjà.
“Apprendre, c’est se souvenir.”
Il en donne une démonstration en interrogeant un jeune esclave de Ménon sur un problème géométrique. Par une série de questions, sans rien lui enseigner directement, Socrate amène l’esclave à reconstituer une vérité mathématique.
Cette expérience illustre et l’idée que la vérité sommeille en chacun de nous.
3- La vertu vient-elle de l’enseignement, de la nature ou d’un don divin ?
Une fois la possibilité du savoir réhabilitée, la question de l’enseignement de la vertu revient.
Socrate examine alors les figures reconnues pour leur vertu, comme les grands hommes politiques d’Athènes (Thémistocle, Périclès…), et remarque qu’ils n’ont pas su transmettre leur excellence à leurs propres enfants. Cela semble indiquer que la vertu n’est pas un savoir transmissible comme l’arithmétique ou la musique.
Face à cette difficulté, Socrate propose une hypothèse prudente : peut-être la vertu n’est-elle pas un savoir, mais une opinion droite — une opinion vraie, mais non fondée en raison. Ces opinions peuvent parfois bien guider l’action, comme le savoir, mais elles sont instables et ne s’expliquent pas. Si tel est le cas, la vertu pourrait être le fruit d’une inspiration divine, une forme de grâce ou de faveur accordée par les dieux à certains hommes.
Pour conclure :
Le Ménon est un texte essentiel dans la pensée platonicienne. Il pose des questions fondamentales : Qu’est-ce que le savoir ? Peut-on apprendre ce que l’on ignore ? La vertu est-elle un savoir ou un don divin ?
À travers ces interrogations, le dialogue explore certaines des notions-clés du platonisme : la méthode dialectique, la maïeutique, la théorie de la réminiscence, la notion de vertu.
Mais fidèle à l’esprit de Socrate, le texte ne propose pas de réponse dogmatique. Il laisse le lecteur dans un état d’aporie, propre à susciter en lui le désir de philosopher davantage.
Francis Cabrel Album Complet 2022 ♫ Francis Cabrel Ses Plus Belles Chansons ♫ Francis Cabrel Best Of 23 avril, 2025
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Contes Soufis et Contes Initiatiques du monde 22 avril, 2025
Posté par hiram3330 dans : Apports , ajouter un commentaireContes Soufis et Contes Initiatiques du monde
Ce n’est pas la lumière que tu dois chercher, mais enlever ce qui l’empêche de briller…
Un matin clair, un disciple vint vers Osho, l’air découragé.
— Maître, je médite, je prie, je fais de mon mieux… mais je ne ressens toujours pas cette lumière intérieure dont tu parles si souvent. Peut-être qu’elle n’est pas en moi ?
Osho lui fit signe de le suivre jusqu’à un vieux temple abandonné, recouvert de poussière. Il ouvrit la porte, laissant entrer un rayon de soleil qui révélait un ancien miroir, terni par le temps.
— Regarde ce miroir, dit Osho. La lumière est là, mais tu ne la vois pas, car la poussière la voile.
Il ramassa un tissu et, lentement, commença à nettoyer le miroir. Peu à peu, la surface se mit à briller, reflétant la lumière du jour.
— Ce miroir, c’est toi. La lumière est déjà en toi. Elle n’a jamais disparu. Mais elle est cachée sous les couches de peur, de conditionnement, de doute.
Le disciple l’observait en silence, ému.
— Alors, je n’ai pas à chercher la lumière… mais à enlever les voiles ?
— Oui, répondit Osho. Cesse de t’acharner à « devenir lumineux ». C’est comme essayer de rendre l’eau claire en l’agitant. Laisse le silence faire son œuvre. Nettoie doucement, avec amour, avec patience.
Il lui tendit le tissu.
— Chaque fois que tu regardes en toi avec honnêteté, chaque fois que tu choisis le silence au lieu du jugement, chaque fois que tu accueilles une peur sans t’y identifier… tu enlèves un peu de poussière.
Le disciple prit le tissu avec douceur, comprenant que ce n’était pas un combat, mais un dévoilement.
— Et quand le miroir est totalement propre ? demanda-t-il.
Osho le regarda intensément.
— Alors tu ne vois plus rien… seulement la lumière. Et tu comprends que tu l’as toujours été.
Le disciple sentit une larme couler, mais cette fois, elle ne venait pas d’un manque… elle venait de la reconnaissance.
Et Osho ajouta :
— Tu n’es pas ici pour devenir quelque chose. Tu es ici pour te souvenir de ce que tu es, derrière tous les reflets.
Inspiré des enseignements d’Osho
« Contaminons Nous d’Amour »
COMMENT SE RENCONTRÈRENT LES HOMMES ET LES FEMMES 21 avril, 2025
Posté par hiram3330 dans : Apports , ajouter un commentaireCOMMENT SE RENCONTRÈRENT LES HOMMES ET LES FEMMES
Qui créa le monde ? Vieil Homme. Il fit bien toutes choses sauf une, qu’il fit mal. Dans un village, il mit les hommes (avec les hommes il habita) et dans un autre il mit les femmes. Il mit entre eux une forêt. Hommes et femmes ainsi vécurent, chacun chez soi, chacun pour soi, les hommes ignorant l’existence des femmes, les femmes ignorant l’existence des hommes.
Leur vie d’abord fut en tout point semblable. Armés de presque rien, de bâtons, de cailloux, ils chassèrent le buffle, ils firent de leurs peaux des vêtements grossiers et se nourrirent de viande crue, de rien d’autre, car en ces temps lointains aucun d’eux ne savait que les fruits, le maïs, les légumes étaient bons.

Plus tard, beaucoup plus tard, les hommes apprirent à tendre des arcs et à tailler des flèches, les femmes à tanner et à assouplir le cuir. Elles en couvrirent leurs tentes, puis s’en firent des robes ornées de belles pierres et de piquants de hérissons. Alors Vieil Homme un jour dans sa hutte de branches prit sa tête à deux mains et se dit : » Ma création pourrait être meilleure. J’ai mis hommes et femmes en des lieux séparés. J’ai eu tort. Il y a là ni plaisir ni chance de bonheur. En vérité, il faudrait qu’ils s’unissent, afin que naissent d’autres êtres. Et il faudrait que cette union soit tant agréable qu’aucun n’y puisse résister, sinon ils resteront chacun de son côté. Qui doit donner l’exemple ? C’est moi bien sûr, c’est moi, pauvre vieux fatigué ! «
Vieil homme s’en fut donc où les femmes vivaient. Au sortir de la forêt, de derrière un buisson il observa longtemps, dans le pré, leur village. » Comme leurs tentes sont lisses et hautes, comme leurs robes sont belles ! se dit-il. Quels grossiers arriérés nous sommes, pauvres hommes, nous qui n’avons pour toit que des branches mal jointes, et pour tout vêtement que du cuir brut et puant ! Il faut que cela change. Il faut absolument qu’elles viennent chez nous. » Le Vieux s’en retourna au village des hommes et conta ce qu’il avait vu. Chacun s’extasia et tous dirent ensemble : » Allons à leur rencontre ! Unissons-nous à elles ! – Outre qu’elles ont ce qui nous fait envie, dit encore Vieil Homme, vous trouverez aussi à caresser leur corps une sensation neuve et plus agréable que vous ne sauriez imaginer. Attendons quelque temps. A la belle saison, nous irons tous les voir « .
Comme il parlait ainsi, Vieille Femme étonnée découvrait dans le bois les empreintes de pas qu’avait laissées Vieil Homme. Elle suivit ces traces, chemina quatre jours, aperçut dans un pré un camp de huttes basses. C’était celui des hommes. Elle les épia puis s’en revint chez elle et dit à ses compagnes : » Il y a là-bas un lieu où vivent des humains. Ils sont plus grands que nous. Ils sont plus forts aussi. Ils possèdent des armes et tuent tant de gibier qu’ils ne connaissent pas comme nous la famine. » Les femmes émerveillées répondirent : » Si nous vivions comme eux, quel bonheur ce serait ! «
Un jour, comme elles allaient, rêveuses, à leur travail (c’était le premier jour de la saison nouvelle), les hommes apparurent au bord de la forêt. Ils s’approchèrent d’elles. Ils étaient tous vêtus de lambeaux de cuir brut. Leur peau était crasseuse, leurs cheveux hirsutes. Ils puaient. Elles dirent : » Ces êtres-là sont-ils des humains ou des bêtes ? Ils sont sales comme des porcs. Ils empestent « . Vieille Femme cria : » Allez-vous-en d’ici ! – Allez-vous-en d’ici ! » braillèrent ses compagnes en jetant des cailloux, des branches, de la boue à leurs faces barbues. En hâte, ils reculèrent, revinrent dans le bois. Leur Vieux leur dit alors : » J’ai bien fait de planter leur village loin de chez nous. Ces femmes sont cruelles. Je vais peut-être bien les jeter hors du monde « . Il ramena ses hommes et tous s’en retournèrent.
Dès qu’ils furent partis, Vieille Femme se retira dans sa tente de buffle, s’assit sur un tapis, resta la tête basse quatre jours pleins à réfléchir, puis elle se dit : » Nous aurions dû tenter d’aider ces pauvres êtres. Nous avons été sottes, orgueilleuses, méchantes. Pourquoi ne pas aller vers eux tout humblement, vêtues comme ils le sont, aussi crasseuses qu’eux ? Nos beaux habits les intimident. Il faut que nous soyons comme ils se voient eux-mêmes. «
Vieil Homme revenu dans sa hutte de branches au même instant pensait : » Peut-être sommes- nous des êtres repoussants. Peut-être est-ce pour cela que les femmes nous ont chassés comme des chiens errants. Peut-être, serait-ce une bonne idée de nous laver et de nous vêtir aussi bien que possible avant de revenir les voir « . Il alla se baigner au pied d’une cascade, peigna sa chevelure, l’orna de plumes d’aigle et s’habilla de daim. Quand ses compagnons le virent ainsi s’avancer parmi eux : » Vieil Homme, dirent-ils, tu es beau comme un astre ! – Décrassez votre corps, rasez votre figure, habillez-vous de peau souple et douce au toucher, et retournons ensemble au village des femmes, leur dit Vieil Homme « .
Le jour même, ils se mirent en route. Quand ils y arrivèrent, ils ne virent partout que des mégères sales. Toutes s’étaient vêtues de peaux de chèvre souillées de sang caillé, leurs joues étaient boueuses, leurs nattes emmêlées. Ainsi, pour plaire aux hommes s’étaient-elles enlaidies. » Horreur ! dirent-ils tous. Quelles affreuses bêtes ! – En vérité, dit Vieil Homme, elles sont infréquentables. Fuyons frères, fuyons avant que leurs guenilles sanglantes n’aient gâché nos ornements ! «
» Apparemment, nous faisons tout de travers, ronchonna Vieille Femme en les regardant fuir. Et pourtant, je le sens, nous devons nous unir à ces êtres bizarres, car ils ont Dieu sait quoi qui nous fait grande envie, nous avons Dieu sait quoi qu’ils aimeraient avoir, et ces deux Dieu sait quoi devraient aller ensemble. Femmes, essayons encore de les amadouer. Allons nous faire une beauté. » Elles allèrent à la rivière, et leurs cheveux lavés furent bientôt tressés, ornés de coquillages, de cordons colorés. Puis elles se vêtirent de robes de daim blanc, mirent autour du cou des colliers de graines multicolores, aux poignets des bracelets d’écaille, se chaussèrent enfin de mocassins souples. Ainsi parées elles prirent le chemin du village des hommes.
Vieil Homme dans sa hutte était de mauvaise humeur. Plus rien ne lui plaisait. Il mangeait sans envie, faisait des rêves troubles. Pour un rien il hurlait. Et tous, autour de lui, étaient comme il était : pâles, les joues creusées, négligés et fiévreux. Le Vieux, voyant ainsi dépérir sa tribu, se dit : » Ils ont été déçus par ces créatures imprévisibles. Un jour elles sont crasseuses, un autre jour cruelles. Ils les espéraient belles, accueillantes et tendres. Pourquoi diable se sont-elles enlaidies ? Il doit y avoir une raison à cela « . Comme il pensait ainsi, il entendit dehors crier les sentinelles. Il sortit. » Une troupe de femmes marche sur notre camp ! hurlait-on çà et là. Gare, elles sont féroces ! Tous à vos arcs, vos flèches, vos lances, vos épieux ! – Du calme dit Vieil Homme. Il étendit ses mains. Les guerriers alentour cessèrent de courir. Alors il dit encore : » Je crois que j’ai compris. Allez à la cascade et lavez votre corps. Frottez vos muscles d’huile, parfumez-vous d’encens et coiffez votre front de plumage brillant « . Lui-même se vêtit de ses plus beaux habits, mit sa grande coiffure, son collier de dents d’ours, puis entraîna ses frères à l’entrée du village. Ils attendirent là, en silence, les femmes.
Elles sortirent du bois en chantant et riant. Leurs robes de daim blanc étaient éblouissantes. Leurs parures étaient comme des arcs-en-ciel. Vieil Homme émerveillé dit à ses compagnons : » Voyez-vous ce que je vois ? » Les hommes répondirent : » Courons à leur rencontre, nos cœurs dans nos poitrines sont comme des pur-sang, ils bondissent, ils s’emballent, ils vont nous échapper ! Tandis qu’ils parlaient ainsi, Vieille Femme disait à ses compagnes : » Regardez ces êtres. Ne sont-ils pas superbes ? Leur rudesse me plaît. Leur voix rauque m’émeut. Ne les effrayons pas. Allons vers eux sans hâte « . Vieil Homme et Vieille Femme s’avancèrent l’un vers l’autre. Quand ils furent face à face, le Vieux dit : » Parlons ensemble à l’écart de nos gens. – Je te suis, lui dit-elle « . Ils allèrent sous les arbres. Là ils se regardèrent. Ils se trouvèrent beaux. » J’aimerais découvrir avec toi un plaisir inconnu et secret, dit Vieil Homme. – C’est une bonne idée, répondit Vieille Femme. – Peut-être faudrait-il nous allonger, dit Vieil Homme. – Peut-être faudrait-il, dit-elle. » Ils s’allongèrent. Plus tard, Vieil Homme dit : » Jamais je n’aurais cru me sentir aussi bien. – C’est trop beau, c’est trop bon pour être mis en mots, répondit Vieille Femme en s’étirant dans l’herbe. – Allons apprendre aux autres ce que nous avons découvert, dit Vieil Homme « . Ils retournèrent au village, le cœur léger, les jambes lentes. Ils n’y trouvèrent personne. Les hommes et les femmes s’en étaient tous allés, chaque couple en son lieu. » Nous n’aurons pas à les instruire, dit Vieil Homme. Ils ont trouvé tout seuls. «
Quand les hommes et les femmes s’en revinrent au camp, ils souriaient. Leurs yeux souriaient. Leurs lèvres souriaient. Leurs corps mêmes semblaient sourire. Les femmes au village des hommes apportèrent tout ce qu’elles avaient, tout ce qu’elles savaient, l’art de tanner le cuir et de le décorer, de faire la cuisine, de tisser des tapis, des couvertures chaudes. Les hommes chassèrent pour elles. Ainsi vint l’amour. Ainsi vint le bonheur. Ainsi vinrent les épousailles. Ainsi vinrent les enfants.
Source : Conte des Indiens d’Amérique du Nord,
Henri Gougaud, L’arbre d’amour et de sagesse, Ed. du Seuil