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L’enfant qui entendait les objets s’excuser 25 mai, 2025
Posté par hiram3330 dans : Silhouettes , 1 commentaireL’enfant qui entendait les objets s’excuser
Il s’appelait Younès.
Il avait huit ans.
Et un jour, alors qu’il rentrait de l’école,
le pied de sa chaise a craqué.
Il est tombé.
Pas très fort.
Mais ça a surpris tout le monde.
Tout le monde sauf lui.
Parce qu’en tombant,
il a entendu :
— Pardon.
Très bas.
Comme un chuchotis de bois.
Il a regardé la chaise.
Et il a murmuré :
— T’inquiète.
Scène 1 : Le début du don
Ce n’était pas tous les objets.
Pas tout le temps.
Mais parfois, dans le silence,
un bruit.
Une phrase.
• Le cartable disait :
— Désolé, je suis trop lourd. Ce n’est pas ta faute.
• Le robinet qui gouttait :
— Je sais que je t’empêche de dormir… je voudrais bien me taire.
• Le réveil cassé :
— J’ai sonné trop tôt. J’étais perdu. Moi aussi, j’ai mes insomnies.
Il ne comprenait pas pourquoi lui seul entendait ça.
Mais il ne le trouvait pas étrange.
Juste normal.
Scène 2 : Ce que ça changeait
Il ne jetait jamais rien brutalement.
Il rangeait doucement.
Il disait parfois merci en caressant une poignée de porte.
Ses parents disaient qu’il était “trop doux, trop lent.”
Mais lui savait que les objets ont des regrets.
Et qu’ils méritent, eux aussi, qu’on les entende.
Scène 3 : Un jour de grande peine
Sa lampe de chevet est tombée toute seule.
Il a couru.
Elle était fendue.
Et elle a murmuré :
— Je suis tombée pour toi. Tu avais besoin d’un geste.
Pas d’une parole.
Il a posé la main dessus.
Et il a pleuré pour la première fois depuis des semaines.
Scène 4 : Les limites
Il a essayé d’en parler à un adulte.
On lui a répondu :
— Tu as une belle imagination, mon cœur.
Alors il s’est tu.
Mais il continuait d’écouter.
Un jour, même son vieux doudou a chuchoté :
— Merci d’avoir grandi sans m’oublier tout de suite.
Scène 5 : Et plus tard…
Il est devenu quelqu’un de discret.
Mais les objets ne l’ont jamais quitté.
Et dans son appartement d’adulte,
il y avait des choses anciennes, bancales, réparées avec soin.
Elles parlaient peu.
Mais elles respiraient doucement.
Et chaque fois qu’il entendait :
— Je suis désolé…
Il répondait :
— Moi aussi.
Et quelque part dans cette conversation silencieuse,
il se sentait un peu plus à sa place.
**Épilogue : Une phrase gravée sous une vieille tasse fêlée,
trouvée dans sa cuisine un soir de chagrin doux :**
“Ce ne sont pas les objets qui s’excusent.
Ce sont les traces d’amour mal exprimé
qui cherchent encore un endroit pour être entendues.”
Belkacem Bouasria Ouldabderrahmane
