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La blanche 22 juillet, 2008

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La blanche

 

Là-bas, de l’autre côté de cette mer si bleus et si belle, j’ai laissé ma jeunesse joyeuse et nonchalante. Les murs blancs écrasés de soleil incitaient à la lenteur et à la sieste dans une ambiance calme et mesurée.

De ma terrasse brûlante j’apercevais l’infini de sable parsemé, çà et là, de rares buissons rabougris et les innombrables insectes ; le désert grouille d’une vie intense et discrète.

Plusieurs fois par jour le muezzin appelait les croyants à la prière du haut de son interminable minaret ; la médina s’emplissait alors de silence recueilli avec toutes ces têtes courbées vers la mecques immortelle, lointaine et terriblement présente.

Et puis, et puis la multitude de commerçants et de fellah reprenait son agitation fébrile et jacassante toujours présente à mon souvenir de métropolitain ; djellaba et fez tournoyaient dans d’incessantes tractations qui tirent des larmes au vendeur, des hurlements de colère au badaud, sarabande et plaisir ancestral du marchandage.

De l’autre côté mourraient les vagues délicates de la mer tiède porteuse de bizarres felouques, apportant un rien de fraicheur dans cet air chaud, sec et plein de senteurs orientales, de musc et de sueur mêlés.

Le port bourdonnait d’une incessante activité cocasse où se perdait, parfois, un immense touareg hautain et méprisant dans son drap bleu de fier et dur guerrier féroce des sables : un guerrier et esclavagiste …

Sur la place une brêle s’obstinait, près d’un café mauresque à la forte odeur de thé à la menthe et de mouton froid, dans son refus définitif de faire un pas de plus.

Aujourd’hui pas de simoun amenant des torrents de sable rougeâtre. Une fraicheur squelettique s’étendait avec la pénombre tandis que dans le djebel éclataient des pierres sous l’influence du gel ou d’un djinn malicieux.

La casbah frissonnait de silhouettes furtives, à peine entrevues et guère rassurantes dans un foisonnement d’étranges marchandages où la lame promptement tirée d’une gaine richement parée pouvait devenir la signature mortelle d’une conversation chuchotée.

Une musique envoûtante et crispante enveloppait cette vie nocturne faite de vrais mendiants pouilleux et de faux invalides sardoniques jusqu’aux limites de l’aube étouffante.

Là-bas, de l’autre côté de cette mer si bleue et si belle j’ai laissé ma jeunesse et mes ancêtres à l’ombre des tours de la mosquée de cette ville que l’on nommait  » la blanche « .

Chris 

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Arènes

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Arènes

 

Je ruisselle sous l’ardeur implacable de ce soleil étincelant. La foule gronde sourdement quand je m’avance avec lenteur vers la tribune bigarrée entouré de mes aides ; mon habit d’or me gêne et me pèse à chaque pas.

Tout à l’heure j’ai prié dans la petite chapelle dénudée de tout faste inutile comme tant d’autres avant moi l’avaient fait.

Recueillement avant le combat.

Maintenant j’avance dans cette arène millénaire noyée de lumière et de cris, la cape rose et or d’une main, l’épée brillante de l’autre.

Le silence se fait soudain quand la porte du toril crache la bête noire et puissante qui fonce vers moi sans détour.

La peur serre ma gorge et paralyse mes jambes, la sueur goutte sur le sable déjà sanglant, mon regard brille d’excitation et de terreur ancestrale.

Brusquement tout cela disparait et s’envole, me laissant seul dans ce face à face de la vie et de la mort.

La cape voltige sous les rudes assauts, les cornes meurtrières me frôlent sans cesse comme pour me narguer et m’effrayer tandis que la foule, avide de sang, se lève et attend impatiemment que je fasse une erreur fatale.

Hors la bête tout s’estompe pour moi.

Le souffle court j’échappe encore et toujours à ce fauve en furie qui bondit, tourne et dérape, déjà bavant et blessé par les banderilles colorées. Mon costume d’or se ternit au contact de sa vie qui s’échappe goutte après goutte ; ma cape se déchire un peu et je tremble de fatigue, d’angoisse aussi …

Les spectateurs hurlent et frémissent, bien à l ‘abri du soleil et du taureau.

Mes gestes se font plus lourds, mes esquives moins rapides, la sueur pique mes yeux ; une fois je suis jeté à terre par cet animal qui sent la mort venir pour lui, peut-être pour moi …

Dans un tourbillon de cris et de chaleur éprouvante j’entends le battement désordonné de mon coeur, ou du sien, je ne sais plus …

C’est la dernière minute, l’heure de vérité : l’animal baisse le col, la lame fait miroiter le soleil et se pointe. Un coup de poignet, une pesée puissante et sûre et voici ce mâle fier étendu sans un râle à mes pieds dans un vacarme assourdissant de cette foule stupide et sanguinaire.

J’ai vaincu, j’ai vaincu ma peur une fois encore …

Chris

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Souvenir de l’océan

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Souvenir de l’océan

 

Nostalgique, la fine fumée d’une cigarette s’élève autour de moi comme pour mieux brouiller la vision de ces cataractes interminables qui fondent de ces lourds nuages disgracieux. Au travers de ces vitres mal lavées je perçois par intermittence un rare rayon de lumière aveuglante qui joue à m’éblouïr. Des sons cocasses se ruent hors d’un poste perturbé par l’étrange électricité ambiante ; tout au loin disparaissent des vols de mouettes transis.

Bizarre atmosphère que celle qui règne aujourd’hui à la tombée du jour. Quelques rares enfants poursuivent des crabes affolés au bord de ce vaste océan qui se déchire aux roches saillantes, alors qu’un vieux chalutier souffreteux se dépêche vers l’abri du port centenaire. La nature semble reprendre le pas sur l’humain pour de brèves heures de ce soir d’automne.

La cité s’assoupit avec distinction, avec crainte aussi comme si elle sentait déjà la tempête à venir tandis qu’un bâtard errant fait chuter une poubelle pour dénicher sa maigre pitance. Les volets, un à un, aveuglent d’un fragile rempart les foyers accueillants et simples de cette côte de Vendée. L’histoire elle-même paraît se replier sur elle-même comme pour se protéger de l’inévitable.

Des gouttes épaisses commencent à s’écraser avec force contre le pavé disjoint des ruelles abandonnées à ce peuple de rats indestructibles.

Mes vitres se troublent de larmes poussiéreuses d’abord, de plus en plus limpides au fur et à mesure. La fumée parfumée et âcre pique mes yeux rougis de fatigue et de souvenirs ; la cigarette commence à réchauffer mes doigts gourds.

Le vent prend de l’ampleur et retourne des feuilles mortes oubliées en faisant claquer des portes mal jointes ; les lampadaires tanguent au rythme de cette profonde respiration. Un, puis deux éclairs déchirent l’ombre naissante dans un fracas soudain en me faisant sursauter de surprise, non de peur. Un matelot ivre dérive sans but d’un trottoir à l’autre, sans doute à la recherche d’un équilibre perdu …

A mon tour je clos ma lucarne comme pour fuir cette réalité inébranlable d’une nature retrouvée.

Chris 

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La terre

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La terre

 

De l’aurore au crépuscule je me penche sans trêve sur cette terre riche et nourricière. Oui j’ai quitté les villes sales et polluées, la foule hâtive et désordonnée, l’ambition utopique et l’argent corrupteur. Je ne désire plus que vivre, comme mes lointains ancêtres, d’un travail manuel et pur : celui de paysans.

Le rythme naturel et immortel dessine désormais la moindre de mes activités quotidiennes et simples. Je suis heureux au milieu des végétaux et des animaux qui m’aident et me comprennent, eux. Loin, là-bas, s’élèvent les fumées nauséabondes d’une société pourrie et inhumaine alors qu’ici tout est si calme, si reposant …

Mes besoins sont réduits mais suffisent amplement ; je fabrique ce dont j’ai besoin, peu de chose. La terre et les bêtes me nourrissent bien mieux que là-bas dans cette autre planète presque oubliée déjà. Le soleil me réchauffe, l’eau des sources étanche ma soif ; c’est ça la vie …

Mes voisins peu nombreux, paysans aussi, m’ont adopté dans leur silence fier et riche lorsqu’ils ont vu et compris ma vie d’aujourd’hui.

De rares visiteurs viennent parfois, ironiques et plein de pitié pour ma silhouette déjà noueuse et craquelée ; mais c’est moi qui souris d’eux avec compassion et sans regret. Bien vite ils s’enfuient vers le confort et les illusions dérisoires de leur vie sans avenir, illusions …

Tout bas il me nomme le fou, ou bien l’illuminé, mais qu’importe je suis heureux.

De longues promenades me permettent de réfléchir lorsque le temps ne permet pas les travaux des champs ; quelquefois une soirée familiale chez mes voisins m’aide à les comprendre et à les aimer. Rustique, simple mais plein de bon sens solide et raisonnable.

Leurs visages cuits, leurs mains calleuses, leurs voix rudes, leurs mots simples, profonds et directs sont réconfortants pour moi qui suis seul dans ma ferme.

Le feu crépite dans les immenses cheminées tandis qu’ils content les légendes oubliées des citadins tout en grignotant des châtaignes grillées. C’est un rêve permanent et naturel.

Les journées s’écoulent presque paresseusement dans leurs diversités et leurs joies humbles emplies d’un bonheur infini.

Demain il fera jour …

Chris 

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L’homme aliéné

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L’homme aliéné

 

Qu’ils sont amusants ces barreaux et ces murs capitonnés qui étouffent le moindre de mes soupirs. Je ris en me voyant dans le miroir avec cette chemise aux manches liées dans mon dos.Vivement les flots impétueux et gelés de ma douche quotidienne. C’est drôle que tous les meubles soient fixé, solidement, dans le sol. c’est sûrement pour aider la femme de ménage qui fait la poussière d’un coup d’oeil, toutes les heures … Et cet oeil qui luit au plafond en suivant le moindre de mes gestes dans la lumière, jamais éteinte, d’une ampoule nue fixée derrière un grillage rouillé.

Mes pieds nus n’éveillent aucun son quand je vais m’assoir dans mon trône de fer et que je reçois, bienveillant, mes sujets et ma cour innombrable, en un long serpent coloré. je rends la justice en caressant d’un orteil distrait mon chien de race assoupi près de moi. Mais la porte s’ouvre, irréelle, et laisse apparaître un ange vêtu de blanc qui me regarde bizarrement. Cuillère après cuillère j’engloutis cette soupe claire et insipide. heureusement le dessert approche sous la forme d’une longue épingle qui pénètre doucement mon bras attaché. Aussitôt mes paupières s’abaissent, mon souffle s’apaise et mon coeur se calme.

Je flotte alors dans l’azur vivifiant où règne mon père à la longue barbe blanche.

Père, je suis de retour ! Fils ils n’ont rien compris eux qui t’ont mis en croix avec une couronne d’épines !

Et je m’élève, toujours plus haut, au-dessus de ma demeure spéciale, de cette ville à l’odeur putride, de ce monde dévasté.

Père, qu’ont-ils fait ? Fils, ils ont fait la Liberté et le Bonheur !

Toujours plus haut j’atteins la terre sacrée. Mais pourquoi ces dômes brillants tous fracturés, et ces ruines, et ces squelettes d’ivoire…

Père, qu’elles sont ces choses étranges ? Fils, ce sont les ruines de leur futur !

Encore plus haut je dépasse le soleil et la galaxie, et la voie lactée. Oh c’est marrant toutes ces petites mécaniques trouées, brûlées qui dérivent sans but.

Père, à quoi cela sert-il ? Fils, ce sont les véhicules du bonheur, de la paix et du progrès mais qui l’ont oublié dans de vastes explosions silencieuses et meurtrières !

Plus loin, toujours plus loin, encore plus loin au sein du vide de mon esprit je m’extasie sur les créations de mon Père, et me désole sur les restes de mes semblables, partout où je pose mon regard innocent.

Père je sens que je retourne chez moi ; à demain Père.

A demain Fils, oublie ces folies humaines !

Je m’éveille quand la porte s’ouvre, irréelle, et laisse apparaître un ange blanc qui me regarde bizarrement en m’amenant, toujours lié, à ma douche quotidienne.

Ma parole! C’est un monde de fou …

Chris

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Mort d’une espèce

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Mort d’une espèce

 

Le battement monotone de mon pas sur l’asphalte surchauffée de cette morne ville m’exaspère en me rassurant. Des heures et des heures que je vais dans ce désert gris aux lumières soufflées par l’irresponsabilité.

Ici et là traînent quelques vestiges ivoirés de ce qui fut des humains vifs et enjoués, angoissé et épuisés. Désormais tous reposent en paix, une paix tant espérée, tant attendue : la paix éternelle.

Plus de tintamarre, de vapeur d’essence, de véhicules fous, d’hommes hâtifs, de musiques discordantes. Les discours guerriers se sont éteints avec les faucons pour laisser la place à la nature sauvage et libre.

Parfois, de loin en loin, quelques silhouettes décharnées tracent des ombres incertaines dans ce vaste cimetière nauséabond d’une société absurde. les fausses idoles ont péri en même temps que leurs dérisoires inventeurs débiles.

Maintenant ces immenses tours aveugles contemplent les néons détruits de la surabondance injuste : le crépuscule des Dieux laisse la place à l’aube naturelle.

De part et d’autre de ces vastes fleuves de béton lépreux se dressent les squelettes rouillés d’une éphémère puissance matérielle. La poussière engloutit les pauvres restes méprisables de l’orgueil, de l’égoïsme et de la haine. Peu à peu la gomme du temps effectue son oeuvre moralisatrice. Le vent soulève ces feuilles mortes qui, jadis, furent le symbole de la toute puissance : le papier monnaie.

Quelquefois, au travers d’un réseau électrique encore en état, jaillissent les voix du passé …

Mais moi je vais, indifférent aux temps révolus, à la recherche illusoire d’un devenir incertain. Après mes dents et mes cheveux, c’est ma peau qui s’ôte par plaques ; oui, telles ces rares silhouettes, j’ai été moi-même irradié quand le génie humain s’est élancé vers ces absurdes centres urbains il y a …

Qu’importe, c’est le dernier animal en voie de disparition ; les autres pourront enfin vivre sans crainte …

Chris 

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Contrat diabolique

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Contrat diabolique

 

C’est pour toi et uniquement pour toi que j’ai vendu mon âme au diable. Je ne regrette rien, de toute manière ce serait trop tard, beaucoup trop tard.

Le marché fut correct, il faut en convenir. Contre ton amour éternel … j’ai donné au prince des ténèbres la seule chose que je possédais réellement : mon âme.

Dans ce pacte scellé par mon sang, une clause s’ajoute impérativement : je devrai travailler, moi qui ne sais ce que cela veut dire, moi qui ne désire qu’une chose : être constamment près de toi, dans tes bras accueillants.

Marché conclu, je ne me déroberai point.

Aussi, chaque matin depuis le jour de nos noces, je me rends sans enthousiasme aucun sur le lieu de mon travail, te laissant seule, dans le grand lit de notre amour.

Tout au long de la journée mes pensées s’envolent à ta rencontre, toi pour qui je me suis damné sans regrets et sans rémission.

Et lorsqu’arrive enfin l’heure de rentrer chez nous, lorsque je hâte le pas vers toi, la fièvre me prend qui ne me quittera qu’au petit matin d’une aube incertaine. Je cours alors comme un possédé, un possédé que je suis d’ailleurs ; mais cela n’a aucune importance car je suis avec toi, même quand nous sommes séparés.

Damné, peut être, mais en pleine conscience, par ma propre volonté ; à moins que … ne dit-on pas que Dieu créa l’Homme, et le Diable la Femme …

Quelle importance après tout, pas un instant je n’hésiterai à conclure à nouveau cet ignoble et doux contrat car je suis envoûté par toi ; ma femme devant Dieu et devant le Diable.

Je n’ai qu’une crainte, qu’une angoisse, c’est qu’au seuil de notre vie commune je ne puisse rompre le pacte sanglant et alors, je me retrouverai à me consumer sans cesse ni repos comme je me consume en toi tout au long de nos nuits brûlantes et sans fin.

Non je ne regrette rien !

Chris 

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